L’ethos de l’acteur politique

Intitulé : L’ethos de l’acteur politique

 

Préparé par :Rabie Ferram

Statut :Doctorant en 3ème année à la faculté des sciences juridiques,économiques et sociales –Salé-

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’ethos de l’acteur politique

L’élection d’un politicien représente une condition sine qua non pour se doter d’une légitimité lui permettant de participer au pouvoir grâce aux prérogatives qui lui sont accordées.

Ainsi, chaque acteur politique adopte des stratégies de la communication politique qui lui permettent de convaincre voire persuader les électeurs qu’ils soient des citoyens ou des militants partisans.

En effet, la communication politique met à son service  une panoplie de procédés indubitables à sa réussite. En fait, la majorité des acteurs politiques à l’échelle internationale se réfèrent aux nouvelles techniques de la communication politique en l’occurrence l’ethos. Lequel procédé évolue concomitamment au développement des médias de masse qui projettent  régulièrement et abondamment l’image des politiciens sur les écrans des récepteurs.

De facto, pour élucider cette notion et montrer sa place incontournable dans le domaine du marketing politique et plus précisément lors d’une compétitivité intra- partisane, nous allons nous pencher sur la problématique suivante : A quel point  l’ethos Contribue-t-il à la réussite du politicien marocain ?

Pour répondre à cette question nous puisons simultanément dans deux approches différentes. Tout d’abord, la rhétorique politique qui s’intéresse à l’art oratoire du rhéteur politique donc l’image qu’il donne aux destinataires. Ensuite, la synergologie vu qu’elle dévoile le rôle du langage non verbal dans la perception et la projection de l’ethos.

Pour cela, nous analyserons l’élection du secrétaire général du parti Justice et Développement en 2012, lors de laquelle Abdelilah Benkirane l’emporte sur son rival Saad Eddeine El Othmani.

Afin de  clarifier la relation étroite qui lie l’ethos au processus du choix d’un leader de parti politique, Nous définissons, en premier lieu, le mot « éthos » dans toutes ses facettes ; rhétorique et synergologique. En second lieu, nous montrerons l’aspect théâtral dans l’exercice de la politique d’où l’émanation de l’expression « la mise en scène politique » .En dernier lieu, nous nous focaliserons  sur l’ethos du leader islamiste Abdelilah Benkirane lors de sa réélection en tant que secrétaire général du parti Justice et Développement par le biais de l’analyse de contenu de sa  prestation télévisuelle.

 

Plan :

1- Le cadrage théorique et conceptuel de l’éthos

1.1-L’ethos de l’acteur politique .

1.2- Vers une analyse de  l’éthos du politicien.

2- L’éthos lors de la course au leader partisan

2.1-Le canevas d’analyse.

2.2-Analyse et interprétation de l’ethos.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1- Le cadrage théorique et conceptuel de l’éthos

1-1 L’éthos du politicien

 

la rhétorique, qui est l’art de bien parler pour persuader demeure l’outil primordial par lequel les orateurs persuadent et convainquent leur auditoire en recourant à une panoplie de procédés  tels que les figures de style ,les raisonnements et les différents types d’arguments. Ainsi, elle demeure liée à la pratique oratoire permettant de comprendre et de définir les constituants du discours « Ceux-ci sont l’énonciateur (celui qui parle), que nous nommons aussi orateur ou rhéteur, l’allocution ou le discours en soi (ce qui est dit), l’auditoire ou le public (celles et ceux à qui l’on parle)  »[1].  En d’autres termes, ces constituants s’appuient sur  trois éléments primordiaux à la production et à la réception du discours à savoir : l’énonciateur, le message et le destinataire. En effet, le premier élément assume la responsabilité de produire un message tout en faisant appel à une stratégie bien établie sans oublier le rôle que peut jouer sa présence physique comme appui à ses propos.

En ce qui concerne le discours en soi, il doit être pourvu d’un raisonnement logique issu de la relation « cause – effet » afin d’être intelligible. Quant à l’auditoire, il est considéré                              comme le récepteur du message ainsi qu’un reflet à travers un  « feed-back » qui miroite l’effet du discours et son impact sur son affectivité. A ces constituants correspondent   trois notions de base de la rhétorique aristolécienne à savoir : logos, pathos et éthos.

En ce qui concerne le logos, il «  s’apparente à la logique »[2] afin de donner plus de rationalité aux énoncés produits. Bel et bien, chaque discours doit se baser sur la logique en adoptant un type de raisonnement  adéquat à la situation d’énonciation et à la nature des objectifs visées pour éviter toutes sortes de déviations qui peuvent tourner à l’envers son sens premier. Donc, le logos est considéré comme un discours rationnel apte à convaincre l’auditoire, si l’orateur recourt aux procédés linguistiques propices à une conjoncture politique particulière.

A l’encontre du logos, le pathos s’intéresse à la passion  vu que le destinataire ne pourrait agir que s’il était motivé .Dans cette perspective, ce procédé discursif «consiste à faire ressentir des émotions à l’auditoire»[3]tout en animant son affectivité par le biais de la tonalité pathétique, le recours au « story telling »  ou à travers les discours humanitaires  comme celui de L’amnistie internationale. Ainsi, cet élément de la rhétorique revêt une importance majeure vu qu’il facilite l’adhésion totale de l’auditoire grâce à l’éveil affectif.

Pour ce qui est de l’éthos, il  correspond à l’image que donne l’orateur à travers son discours. En effet, il est lié au destinateur  en tant qu’un être physique qui peut adopter des attitudes personnelles et un style particulier qui  le différencie des autres. Par ailleurs, il se définit comme « la représentation par l’orateur de personnes différentes de lui »[4] afin de mieux s’identifier à la pluralité de l’auditoire. Autrement dit, il renvoie à un prototype stable qui résume les différentes réactions et attitudes que pourraient manifester un orateur pour persuader son récepteur. En fait, l’ethos doit essentiellement s’arrimer aux représentations du récepteur qui s’évertue à trouver un politicien capable de mieux  satisfaire ses attentes.Ainsi,il incombe à l’orateur résulte « de se représenter soi même comme un homme honnête ,qui se conforme aux valeurs éthiques de son auditoire  »[5]. A posteriori, chaque orateur doit se référer aux  attentes et aux représentations qu’a le public afin de revêtir l’image qu’il désire voir.

Cependant, La notion de l’ethos échappe à toute sorte de définition qui l’envisage comme un concept univoque vu qu’elle diffère suivant sa relation avec la situation d’énonciation. Dans cette perspective,  il s’avère nécessaire de mettre en lumière  les caractéristiques de l’ethos.

En principe, le concept « ethos » est  lié à l’acte d’énonciation puisque l’image crédible ne peut être projetée qu’à travers les propos dévoilant les intentions et la vraie  personnalité du locuteur.

En effet, les philosophes de la Grèce antique  ont lié l’image du locuteur à  la situation de communication vu que le  discours confirme ou infirme l’éthos prédiscursif. En effet,  l’éthos acquiert un aspect crédible à traves l’exercice de la parole. Pour cette raison, ils ont mis en valeur les  mœurs  oratoires qui  « établissent ce qu’il paraît  par le discours »[6] en reflétant  fidèlement le caractère réel d’un orateur à travers tous les éléments qui accompagnent la parole tels que le ton de la voix, le gestuel ….etc.

Pour cela, les propos du discours ne doivent  pas expliciter l’éthos mais il se laisse déduire par la façon adoptée pour parler. Cette vision de l’éthos était adoptée par la rhétorique antique qui le considère comme  « les propriétés que se confèrent implicitement les orateurs à travers leur manière de dire ; non pas ce qu’ils disent explicitement sur eux-mêmes, mais la personnalité qu’ils montrent à travers leur façon de s’exprimer» [7].Cette définition, corrobore la notion des mœurs oratoires puisqu’elle se focalise sur le style adopté par l’orateur pour s’exprimer et non ce qu’il dit sur lui même. Ainsi, l’ethos ne peut pas être explicité seulement  par la parole mais il a besoin des facteurs non verbaux et paraverbaux.

De surcroît, les spin-Doctors confirment cette relation perpétuelle entre l’ethos et la situation d’énonciation, en montrant que   « tout ce qui concerne l’image que le locuteur donne de lui même à travers son discours, sa crédibilité par la mise en scène de qualités morales comme la bienveillance, c’est l’éthos. L’art de plaire, l’apparence visuelle et corporelle représente le style que doit prendre l’orateur pour capter l’attention et gagner la confiance de l’auditoire, pour se rendre crédible et sympathique »[8]. Effectivement, toute prise de parole implique la construction d’une image du locuteur à travers son style, ses compétences langagières et encyclopédiques, son  corps et ses croyances implicites qui suffisent à donner une représentation authentique de son éthos sans s’évertuer à étaler ses atouts, détailler ses qualités et parler explicitement de lui.

Par ailleurs, l’évolution des nouvelles technologies de l’information et de la communication, la politique s’est vue acculée à dépasser les stratégies et les pratiques classiques pour adopter de nouveaux  procédés. En fait, l’émergence du marketing a eu des répercussions sur le paysage politique qui s’approprie ses nouveaux procédés pour donner naissance au marketing politique qui est en fait « l’aboutissement des tendances modernes de la communication électorale. Le concept de marketing fait des besoins individuels l’élément moteur du processus d’échange entre les consommateurs et les producteurs »[9]. Désormais,  le politicien s’évertue à prendre soin de son ethos pour redorer son blason devant les électeurs. Alors, Il cherche à vanter son produit tout en commençant par l’embellissement de son image qui renforce sa position par rapport à ses concurrents dans la mesure où il tente d’ajuster son éthos en fonction des besoins des électeurs afin de bénéficier d’une légitimité au sein de la sphère politique.

Ce statu quo implique un nouveau statut du politicien qui devient un acteur étant donné qu’il ne peut amasser la voix des électeurs (spectateurs)  qu’à travers la théâtralisation des symboles et de ses atouts personnels qui se manifestent par l’image qu’il projette  au sein de l’espace public.

Certes, la  relation étroite entre la mise en scène et le politique s’accroît avec l’apparition des médias modernes tels que l’internet et les réseaux sociaux. Ces derniers assument une double fonction ; la première vise la démocratisation et l’actualisation de l’information .Cependant, la deuxième fonction dépasse le souci d’informer pour quêter l’exercice  d’une influence sur l’opinion publique.

Par conséquent, le souci de visibiliser et de spectaculariser l’acte politique atteint son point culminant pour qu’il fléchisse la majorité écrasante des citoyens. Ces nouvelles données ont précipité l’avènement d’un nouveau concept à savoir  La mise en scène politique .Lequel  a changé la conception de la société politique qui devient « un lieu de mise en scène politique. Un univers  de représentation et presque une entreprise d’exhibition permanente »[10]. Ce qui montre l’importance de la mise en scène qui devient un procédé que tous les candidats ou élus politiques doivent emprunter .Ainsi, tout acte politique devient une représentation scénique mettant en évidence les compétences du candidat et surtout son éthos.

Cette montée en crescendo du Marketing  politique  a donné naissance à un changement de rôle ; rendant le citoyen un spectateur et le responsable politique un acteur. Dans cette perspective, le citoyen réagit positivement ou négativement selon l’image projetée par l’acteur politique qui ,pour atteindre ses objectifs,  incarne  un éthos approprié pour  impressionner, rassurer, mystifier, ou simplement berner les spectateurs.

A posteriori, le politicien est censé incarner le personnage idéal à travers le choix d’une voix, d’un discours et d’un langage non verbal en adéquation  avec la situation d’énonciation. Ainsi, il doit approprier ses représentations aux attentes du  public assoiffé d’assister à un protagoniste talentueux et compétent maitrisant le rôle qui lui est assigné et qui doit le préparer minutieusement .

Bref, l’évolution de la mise en scène politique nécessite une refonte scientifique en vue  d’analyser  objectivement  l’ethos de l’acteur politique

 

                   1- 3Vers une analyse  de l’éthos

 

La polémique déclenchée autour du cadrage conceptuel de l’éthos a poussé les chercheurs à s’intéresser davantage au décodage de  l’image du politicien qui passe inéluctablement par le décryptage du langage non verbal.

De ce fait, leurs chefs d’œuvres pivotent autour des gestes et leurs rapports à l’esprit. Autrement dit, les mouvements du corps sont révélateurs de la pensée et des intentions cachées. De surcroît, le choix du langage non verbal n’est pas fortuit étant donné qu’il représente 80% de la communication si bien que le récepteur s’intéresse aux gestes corporels qui transmettent une grande partie du message.

Par ailleurs, cette importance accordée au langage non verbal et son décryptage a précipité l’émergence d’une nouvelle science en l’occurrence « la synergologie ».Laquelle est définie en tant qu’une«  méthode de lecture du langage non verbal inconscient[11] ».

En effet, la synergologie est la première discipline qui s’est intéressée  au décryptage du langage non verbal  et plus précisément les gestes inconscients. Partant du principe que les mots peuvent mentir et que le langage non verbal ne peut pas trahir la vraie pensée, la synergologie a fixé l’objectif  qui vise à  mieux décrypter le fonctionnement de l’esprit humain à partir de son langage corporel.

En plus, le  décryptage  du langage non verbal ne se fait pas séparément, mais il revêt un intérêt particulier à sa relation avec le discours transmis. Ce dernier enveloppe les mouvements du locuteur dans un contexte particulier voire un thème et un cadre spatio-temporel imposés par la conjoncture. Ce qui accorde à cette science plus de fiabilité et de crédibilité vu qu’elle prend en considération les différentes formes d’expression.

Par ailleurs, cette science permet de pointer du doigt le décalage entre ce qui est dit et ce que le corps exprime en se focalisant sur les parties du corps que personne ne les observent lors de la discussion. Ce décalage est localisé par le biais des gestes inconscients vu qu’ils accompagnent la parole et qu’ils répondent à des messages envoyés par le cerveau. Ainsi,  ils révèlent la pensée que dissimule le locuteur.

2-Etude de l’éthos d’un politicien marocain

 

Cette partie a pour objectif la clarification de  la place de l’éthos dans le paysage politique marocain.

Pour cette raison, nous allons approprier les données  de la synergologie à la  pratique et l’exercice de la politique au Maroc. En fait, nous consacrons toutes les interprétations relatives à la relation entre le langage non verbal et verbal afin de montrer leur concordance ou discordance.

2-1Le canevas d’analyse

Dans cette perspective, nous allons recourir à l’analyse de contenu qui  est l’une des méthodologies les plus utilisées dans les sciences sociales et qui sert par excellence à décoder et analyser des données assez compliquées. En effet, le choix de cette démarche n’est pas aléatoire vu qu’elle est  une méthode  d’analyse systématique et méthodique de documents  audio-visuels. En plus, elle donne des résultats à la fois  qualitatifs et quantitatifs  qui lui octroient plus de fiabilité et d’objectivité.

Dans ce sillage, nous procédons l’analyse par l’adoption des étapes suivantes : la constitution, la lecture, la classification et l’interprétation.

En effet, la première étape représente l’échantillon choisi  et l’importance du créneau horaire. D’ailleurs, La vidéo sélectionnée s’arrime avec l’intérêt de ce travail de recherche. D’une part, elle représente un des  leaders politiques marocains de référence islamique: Parti Justice et Développement.

D’autre part, elle coïncide avec un changement colossal du paysage politique national et international et surtout avec l’avènement du « printemps Arabe » et l’accélération  du processus de la démocratie envisagé par le Maroc, d’où la  nécessité de la nomination des responsables politiques capables de mettre en vigueur les réformes politiques adéquates.

La deuxième étape, qui englobe la lecture et la classification, montre Le support à analyser et la façon adoptée pour collecter les informations. En effet, le support est sous forme d’une vidéo représentant la prestation de Benkirane. A cet égard, il convient de recourir à une grille d’analyse susceptible de clarifier les détails de son langage verbal et non verbal.

La troisième étape est la plus importante dans la mesure où elle met en vigueur les données antérieures par le biais de l’interprétation qui se ramifie en deux instants intimement liés : la dénotation et l’analyse synergologique.

2-2 : Analyse et interprétation de la première séquence

 

  • L’analyse dénotative

Pour ce qui est du verbal, Benkirane a débuté son discours par des expressions religieuses et celles du remerciement à l’égard des invités qui partagent les mêmes convictions politiques que les siennes. Il recourt à des expressions courtes  «  au nom de Dieu le miséricordieux», «mes frères louables et mes sœurs louables »,  mais qui sont plus significatives vu qu’elles s’appuient sur un lexique religieux qui représente les références du parti à savoir l’Islam.

En plus, il utilise le pronom «  je » pour montrer qu’il est présent dans ses dires tout en utilisant le verbe vouloir qui traduit sa volonté et son affectivité  comme dans l’expression « je veux remercier votre présence » afin de prouver qu’il partage les mêmes émotions que celles de ses invités . Mais il revient rapidement pour dire « nous »pour ne pas se montrer égoïste comme dans l’expression « vous nous avez rendus contents fiers et joyeux ».

En outre, il s’adresse à maintes reprises à l’auditoire en utilisant le pronom « vous » dans « je veux vous annoncer »pour garder le fil conducteur et s’assurer du feed de back qui s’effectue par le biais des applaudissements.

En ce qui concerne son langage non verbal, ce leader politique garde une posture très représentative à savoir la verticalité de son buste, sous forme de « T ».

Tout au long de cette séquence, ses mains demeurent ouvertes et ses épaules fixes. Cependant, cette position a été changée après 3mn23s ; d’où le mouvement répété de sa main droite avant de lever sa main gauche.

Par ailleurs, sa physionomie reste neutre et non représentative dès le début jusqu’à la fin ; sourcils inerts et  sourire périodique. Toutefois, son regard prend plusieurs directions. Tout d’abord, il commence par le regard vertical vers l’auditoire« y-y », de droite à gauche et vice versa.  Celui du bas vers le haut entrecoupe rarement ce contact visuel. En outre, Lors de  la 3mn55s, on a observé un mouvement furtif de la langue vers l’extérieur de la bouche. Sans oublier, les lunettes que l’orateur ne cesse de les déplacer  en parlant.

Benkirane conserve  un rythme de respiration normal mentionné par un break ;une pause qui lui permet de garder son souffle .Mais ce n’est qu’à la ‘3mn10s’ que l’orateur respire profondément dans le dessein d’entamer une nouvelle thématique.

De plus, sa voix demeure harmonieuse avec un ton modéré et une mélodie médiane orchestrée par des syllabes détachées et un débit trop lent.

 

  • L’analyse synergologique

 

Pour ce qui est de l’analyse synergologique de cette première séquence, il est inéluctable de se focaliser sur l’interprétation de l’analyse dénotative pour l’approfondir tout en se référant à la  relation de cause à effet entre la prestation et sa signification.

En ce qui concerne ses mains, elles sont en convenance avec ses paroles. Tout d’abord, les deux mains ouvertes traduisent l’énoncé « je suis ouvert »[12] qui projette la volonté de communiquer et de partager les émotions  avec l’auditoire en l’occurrence celle de la joie et surtout lorsqu’elles sont plus écartées (à la 4mn7s’) pour exprimer  le sentiment  de fraternité « nous sommes tous des frères et des sœurs ».

Ensuite, le mouvement inconscient de sa main gauche vers l’intérieur (la veste) montre l’envie de revenir à soi dans un moment de perturbation (l’affichage d’un nouveau papier).

Puis, Dès la ‘3mn23s’ le mouvement répété de sa main droite en arrière pour parler du passé «  vous connaissez » et en avant pour anticiper le futur « se renouvelle » est précédé de  l’apparition de la paume de sa main droite qui  dévoile la sincérité  et l’honnêteté dans ses déclarations affectives.

Enfin et plus précisément à la ‘3mn46s’, il montre sa main gauche en parallèle avec la main droite. Certes cette nouvelle position montre qu’il est profane en la matière du protocole et nous dévoile le vrai Benkirane qui utilise souvent les deux mains.Toutefois, l’apparition de sa langue juste après et plus précisément à la ‘3mn55s’ dévoile  son penchant à exprimer   une joie et euphorie intériorisée.

En ce qui concerne le déplacement des lunettes, il s’agit d’un mouvement  voulu vu qu’il renvoie à l’intention de Benkirane qui veut montrer à travers le maniement de cet objet qu’il est à la fois raisonnable moyennant une  analyse de  la conjoncture politique  et sincère par le  partage amical des émotions avec les autres.

Pour ce qui est du  sens de son regard, il est révélateur du déploiement  d’un effort cérébral et d’une intention affective et surtout quand il commence par son côté droit pour aller vers la gauche ce qui montre une   maitrise de la situation . En outre, il pratique régulièrement un regard direct vers les destinataires « y-y » afin d’« attirer l’attention pour connaître l’autre plus intimement»[13] tout en l’impliquant dans sa stratégie discursive et ses propres convictions.

Sa posture droite est un autre indice de sa maitrise de son discours .En effet, la position T de son corps représente sa force vu qu’elle facilite la respiration qui maintient une voix forte et continue  si bien qu’il continue à garder le même itinéraire discursif jusqu’à la fin de son discours.

 

 

 

 

 

Conclusion Générale

 

Grosso modo, cet article représente une plate forme à la problématique majeure qui s’interroge sur la contribution de l’éthos à la réussite du politicien marocain. A priori, ce sujet s’annonce très compliqué d’où la quête des définitions qui remontent à l’ère Aristolicienne et qui l’ancrent dans deux approches : rhétorique et synergologique.  La première facilite l’immersion de l’éthos dans le bain discursif en s’intéressant aux composantes de la situation de communication. Cependant la deuxième est à  la charnière de l’éthos visé et l’éthos perçu puisqu’elle mobilise maintes interprétations du langage non verbal pour pointer du doigt et donner une évaluation objective à l’éthos relatif  à l’acteur politique.

A posteriori, l’analyse du contenu a pu montrer le rôle de l’éthos dans l’exercice politique et surtout lorsqu’il s’agit des élections. En réalité, le gain réitéré du leader du parti politique « Justice et Développement » au sein de son parti en tant qu’un secrétaire général est maintenu grâce à son éthos  doté des particularités avantageuses qui le différencient des autres membres du même parti.

En effet, la prestation analysée a montré l’image d’un homme capable de mener, changer et contribuer à l’évolution des valeurs de son parti. Outre ses paroles, ses mouvements corporels cadencés ont ébloui le public  qui lui accorde  un grand intérêt donc leurs voix.

Par ailleurs, cette recherche va doter les politiciens d’un élément indispensable à leur réussite. Tout en s’appropriant les interprétations des gestes inconscients par le biais de la synergologie, ils vont  donner une importance majeure à leur image pour gagner l’estime d’un grand nombre.

Par ailleurs, il est  important de signaler les difficultés de cette recherche. Tout d’abord, la rareté des références relatives à cette nouvelle  discipline (la synergologie) complique  les recherches dans ce domaine. Ensuite, rares sont les études qui ont  pris en considération le thème éthos dans notre contexte marocain.

Dans la perspective de surmonter ces difficultés, l’éthos doit faire l’objet d’étude de chaque formation et surtout dans le domaine politique. En plus,  les politiciens doivent accorder tout leur intérêt  à la cristallisation de l’éthos pour qu’il revête une grande importance dans le paysage politique marocain.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                               Références bibliographiques

  • Frédérique Woerther L’éthos aristotélicien: genèse d’une notion rhétorique, Paris, librairie philosophique J.Vrin,2007, 329 pages.
  • Ghyslaine Pierral,., la communication n’est pas un jeu à la française, , Paris, Harmattan, 2011, 456 pages.
  • Louis Gabriel Taillefer, Traité élémentaire de rhétorique ou règle de l’éloquence, Paris, Tournay, 1838, 217 pages.
  • Maingueneau Dominique, Le Contexte de l’œuvre Littéraire. Enonciation, Ecrivain, Société, Paris, Dunid, 1993, 329 pages.
  • Maurice Charland, « le langage politique», in la communication politique Etat des savoirs, enjeux et perspectives, Vol.2, Québec,Presses de l’Université du Québec,2010,p.67-91.
  • Philippe Turchet,la synergologie (le langage des gestes) Ce que nous révèlent nos gestes, Québec,1998, 66 pages.
  • Richard Nadeau et Frédérick C.Bastien, «  communication électorale », in la communication politique Etat des savoirs, enjeux et perspectives,Vol.5, Québec,Presses de l’Université du Québec,2010 ,p.159-188.
  • Roger Gérard schwartzenberg,la politique mensonge,France,édition Odile Jacob,janvier 1998,494 pages.

 

       

 

[1] M. Charland,  « le langage politique», in  la communication politique Etat des savoirs, enjeux et perspectives, Québec,Presses de l’Université du Québec,2010,p.70.

[2] M. Charland,  « le langage politique», in  la communication politique Etat des savoirs, enjeux et perspectives, Québec,Presses de l’Université du Québec,2010,p.73.

 

[3]  M. Charland,  « le langage politique», dans la communication politique Etat des savoirs, enjeux et perspectives, Québec,Presses de l’Université du Québec,2010,p.73.

[4] F. Woerther, L’éthos aristotélicien: genèse d’une notion rhétorique ,Paris, J.Vrin , 2007,p.9.

[5]F. Woerther, L’éthos aristotélicien: genèse d’une notion rhétorique ,Paris, J.Vrin , 2007,p.8.

[6] L. G, Taillefer, Traité élémentaire de rhétorique ou règle de l’éloquence, Paris, Tournay, 1838, p.49.

[7] M. Dominique, Le Contexte de l’œuvre Littéraire. Enonciation, Ecrivain, Société, Paris, Dunid, 1993, p.p., 137-138.

[8] G. Pierral, la communication n’est pas un jeu à la française, Paris , Harmattan, , 2011, p.30.

[9]R. Nadeau et F. C.Bastien, «  communication électorale » in la communication politique Etat des savoirs, enjeux et perspectives, Québec,Presses de l’Université du Québec,2010 ,p.172.

.

[10] R. Gérard. schwartzenberg,la politique mensonge,France,édition Odile Jacob,janvier 1998,p.7.

[11] P. Turchet, la synergologie (le langage des gestes) Ce que nous révèlent nos gestes, Québec,1998, p.2.

[12] Ph. Turchet, la synergologie :pour comprendre son interlocuteur à travers sa gestuelle,les éditions de l’Homme,Québec,2000,p.59.

[13] Ph.Turchet ,la synergologie :pour comprendre son interlocuteur à travers sa gestuelle ,les éditions de l’Homme, Québec,2000,p.59

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