Management touristique: Quelle stratégie pour le développement du tourisme rurale 

Management touristique: Quelle stratégie pour le développement du tourisme rurale 

OTMANI Youness

Chercheur en cycle doctoral : Environnement et Développement

                                                   et la Gestion de L’espace

Master                                     : didactique sciences social et développement

  Email: [email protected]    

Résumé :

Malgré l’importance économique du tourisme en Maroc comme dans le reste du monde, les Sciences de gestion s’intéressent relativement peu à ce domaine d’activités. Or, le tourisme a la particularité de se développer sur un substrat de ressources attractives qu’il a ensuite tendance à surexploiter, compromettant ainsi ses chances de croissance futures. Face à ce phénomène, de nombreuses destinations touristiques recherchent de nouvelles formes de croissance permettant de répondre aux attentes des visiteurs sans détruire leur système de ressources. Dans ce contexte, nous posons la question de recherche suivante : Quelle stratégie pour le développement du tourisme rurale  ?

Mots clés : Management, touristique, développement, tourisme rurale

Introduction :  

Le tourisme rural  semble constituer un moyen de revitaliser les territoires ruraux et de diversifier les activités dans cet espace en créant toute une dynamique s’exprimant par une diversité d’acteurs engagés à développer toute une gamme d’activités, principalement axées vers une clientèle de plus en plus demandeuse en loisirs.

Le Maroc dispose de potentialités réelles dont la valorisation bien planifiée pourrait contribuer à la promotion du tourisme rural dans la plupart de ses régions et à l’amélioration des conditions de vie des populations tout en préservant le patrimoine naturel et culturel marocain ainsi que l’environnement. D’une part, le Maroc est un pays riche en milieux naturels (déserts, montagnes, plaines, côtes)[1] et en biodiversité avec un taux d’endémisme de 20%. . D’autre part, ce pays présente des richesses culturelles et des traditions d’accueil inégalées lui conférant des opportunités pour promouvoir et développer le tourisme rural

Le tourisme rural est considéré comme une stratégie d’avenir en contribuant à ancrer les populations dans leur territoire et donc à promouvoir le développement socio-économique de zones périphériques. Les acteurs locaux ont pris conscience des possibilités qu’offre le tourisme rural en raison de son effet multiplicateur, qu’il s’agisse de produire des revenus complémentaires, de susciter des synergies ou d’entraîner une demande d’infrastructures et de services d’appui au monde rural dans l’intérêt conjugué de la population locale et des visiteurs. La promotion du tourisme rural répond également à la nécessité de trouver des solutions pour contrer la crise économique et les conséquences des réformes structurelles de l’agriculture. Le tourisme rural ouvre une porte vers la préservation d’espaces et de modes de vie pouvant potentiellement être utiles tant aux résidants qu’aux futures générations urbaines[2].

Les mots clés : Management- Stratégique-développement-  tourisme rural

Concept du tourisme rural

Définition du tourisme rural

Dans sa définition la plus large : le tourisme rural c’est tout simplement la pratique du tourisme en espace rural (par opposition à espace urbain), quel qu’en soit la forme. Lorsque l’on y ajoute d’autres critères qui tendent à réserver cette dénomination « rurale » à certains comportements qualitatifs uniquement (respect des traditions, etc.)

 Le tourisme rural, lui, se définit selon cinq critères :

L’activité est d’initiative locale : on n’a pas décidé à Agadir d’implanter des équipements en Taroudant. Ce sont les gens de Taroudant eux-mêmes qui gèrent leurs affaires.

Le développement est maîtrisé localement : autrement dit, on évitera que sous l’injonction d’agents extérieurs, le village de pêcheurs ne se transforme en village de marinas ou le port de pêche en port de plaisance.

Le caractère local est valorisé : la nature, les traditions gastronomiques et artistiques font qu’on est en Chaouen  et non pas en Toronto ! …… Car ce qui caractérise fondamentalement le tourisme rural, c’est la nature du produit, non son implantation territoriale.

Une gestion rigoureusement locale : ce sont les gens de la région  qui accueillent la clientèle et non des cadres venus d’ailleurs.

L’essentiel des retombées économiques est local, Selon Henri Groleau (1993), « … tourisme d’échelle locale, il est d’initiative et de gestion locales, il vise des retombées locales, il valorise les ressources naturelles, les paysages, les patrimoines et la culture locale »,

Et de sa part Euroter  annonce que, « Le tourisme rural se définit dans l’économie globale du tourisme comme la valorisation touristique des espaces agrestes, des ressources naturelles, du patrimoine culturel, du bâti rural, des traditions villageoises, des produits du terroir, par des produits labellisés, illustratifs des identités régionales, couvrant les besoins des consommateurs en hébergement, restauration, activités de loisirs, animation et services divers, à des fins de développement local durable et de réponse adéquate aux besoins de loisirs dans la société moderne, dans une nouvelle solidarité sociale ville-campagne ».

Lorsque l’on parle de « tourisme rural », bon nombre de personnes, en particulier celles qui n’œuvrent pas dans le tourisme et ne sont pas familiarisées avec ses différents concepts, entendent « écotourisme ».

D’autres dénominations qualifiant le tourisme ont également cours, tant chez les spécialistes que dans le public : agrotourisme, tourisme vert, tourisme durable, etc.

Le terme « tourisme de montagne» ne désigne en fait qu’une localisation géographique donnée, comme le sont aussi « tourisme du désert » ou « tourisme des îles ». On peut pratiquer en milieu montagnard l’écotourisme, l’agrotourisme, le tourisme vert, le tourisme rural, le tourisme durable, mais aussi d’autres formes de tourisme (industriel, sportif, etc.).

D’autres qualificatifs sont parfois adjoints au tourisme, comme « tourisme doux »,     « tourisme alternatif », « tourisme de nature ». Ils peuvent être considérés comme des expressions différentes mais proches des termes explicités ci-après. Leur signification sera donc abordée dans le cadre des explications des concepts déjà listés.

Il n’existe généralement pas de définition officielle reconnue par tous, de façon internationale, pour les différentes dénominations mentionnées précédemment, comme c’est par contre le cas pour la définition d’un « touriste » établie par l’OMT et désormais acceptée et appliquée par tous. Mais des propositions ont été faites dans certains cas, notamment par l’OMT, et différents colloques et instances ont proposé leur propre définition.

Différentes formes du tourisme rural

Il n’existe généralement pas de définition officielle reconnue par tous, de façon internationale, pour les différentes dénominations mentionnées précédemment, comme c’est par contre le cas pour la définition d’un « touriste » établie par l’OMT et désormais acceptée et appliquée par tous. Mais des propositions ont été faites dans certains cas, notamment par l’OMT, et différents colloques et  instances ont proposé leur propre définition.  

Ces quelques essais de définition concernant les principaux termes utilisés communément sont présentés ci-après,  dans l’ordre suivant : écotourisme, agrotourisme, tourisme rural, tourisme vert, tourisme durable[3]

Le terme « tourisme de montagne» ne désigne en fait qu’une localisation géographique donnée, comme le  sont aussi « tourisme du désert » ou « tourisme des îles ». On peut pratiquer en milieu montagnard l’écotourisme, l’agrotourisme, le tourisme vert, le tourisme rural, le tourisme durable, mais aussi d’autres formes de tourisme (industriel, sportif, etc.).    

D’autres qualificatifs sont  parfois adjoints au tourisme,  comme « tourisme doux », « tourisme alternatif », « tourisme de nature ». Ils peuvent être considérés comme des expressions différentes mais proches des termes explicités ci-après. Leur signification sera donc abordée dans le cadre des explications des concepts déjà listés.

1.1.1 L’ECOTOURISME

Dans son document intitulé “Année internationale de l’écotourisme 2002”, l’OMT rappelle que “s’il n’existe pas de définition universelle de l’écotourisme, il est cependant possible d’en résumer les caractéristiques générales comme suit :

1.  l’écotourisme rassemble toutes les formes de tourisme axées sur la nature et dans lesquelles la principale motivation du tourisme est d’observer et d’apprécier la nature ainsi que les cultures traditionnelles qui règnent dans les zones naturelles

2.  il comporte une part d’éducation et d’interprétation

3.  il est généralement organisé, mais pas uniquement, pour des groupes restreints par de petites entreprises locales spécialisées. On trouve aussi des opérateurs étrangers de dimensions  variables qui organisent, gèrent ou commercialisent des circuits écotouristiques, habituellement pour des petits groupes

4. l’écotourisme s’accompagne de retombées négatives limitées sur l’environnement naturel et socioculturel

5.  il favorise la protection des zones naturelles en procurant des avantages économiques aux communautés d’accueil, aux organismes et aux administrations qui veillent à la préservation des zones naturelles ; en créant des emplois et des sources de revenus pour les populations locales ; en faisant davantage prendre conscience aux habitants du pays, comme aux touristes, de la nécessité de préserver le capital naturel et culturel”

La Société Internationale d’Ecotourisme définit l’écotourisme comme « une façon responsable de voyager dans des zones naturelles tout en protégeant l’environnement et soutenant le bien-être de la population locale »[4].

Cette définition implique non seulement qu’il y ait une reconnaissance de la protection des ressources naturelles et un soutien à celle-ci tant par les fournisseurs que par les consommateurs, mais qu’il  existe également une dimension sociale inhérente à l’écotourisme. 

C’est pourquoi on utilise aussi parfois le terme « tourisme alternatif » pour désigner cette attitude responsable de l’écotourisme, par différence (mais pas forcément par opposition) avec le tourisme qui place en premier rang la satisfaction des clients ou la rentabilité économique. 

Le « tourisme de nature », à condition qu’il se pratique dans le respect de l’environnement, appartient à la catégorie de l’écotourisme.

L’écotourisme est donc une manière de  faire du tourisme fondée sur le désir de découvrir la nature, et de respecter, de préserver et de valoriser, les équilibres naturels et culturels des lieux et des populations où il s’exerce. 

1.1.2 L’AGROTOURISME

Extrait du document établi par le Groupe  de Concertation sur l’agrotourisme au Québec 

« Définition de l’agrotourisme » – Mars 2001 : 

L’agrotourisme est une activité touristique complémentaire à l’agriculture. Il met en relation des producteurs (trices) agricoles avec des touristes ou des excursionnistes, permettant ainsi à ces derniers de découvrir  le milieu agricole, l’agriculture et sa production à travers l’accueil et l’information que leur réserve leur hôte.

L’offre agrotouristique se compose de catégories de produits et services :

–  visite et animation à la ferme

– hébergement

–  restauration mettant en valeur principalement les produits de la ferme et en complémentarité l’utilisation des produits agroalimentaires  régionaux, afin que ces deux sources de produits constituent la composition principale du menu

–  promotion et vente de produits agroalimentaires

Il convient de souligner que ce sont  les services d’accueil et de diffusion d’informations à caractère agricole qui en spécifient l’aspect agrotouristique ».

1.1.3 LE TOURISME RURAL

Extraits du discours d’ouverture  prononcé par Francesco Frangialli, Secrétaire Général Adjoint de l’OMT à l’ouverture du  séminaire conjoint  CEU – ETC en juin 1996.

« Je voudrais souligner que le tourisme rural n’est pas un simple gadget, et que l’écotourisme est beaucoup plus qu’une mode  passagère. Il convient donc ni de confondre, ni d’interchanger ces deux concepts. Même si l’écotourisme constitue une composante importante du  tourisme rural, le tourisme rural ne se limite pas aux voyages de découverte du milieu naturel.….

L’enjeu fondamental pour le tourisme rural c’est l’organisation de l’offre. Le tourisme rural résulte des efforts conjoints de plusieurs catégories de partenaires, et ces partenaires sont, pour la plupart du temps, faibles, petits et diversifiés. Alors, si vous voulez proposer de bons produits de tourisme rural, il est indispensable de structurer et d’organiser l’offre.….

Le tourisme rural n’est donc pas seulement un enjeu permettant d’atteindre un développement touristique équilibré et de lutter contre le surdéveloppement du tourisme urbain ou côtier. Il constitue également une orientation nécessaire afin de maintenir, de protéger et de mettre en valeur tout ce qui vient de notre passé, et qui constitue notre patrimoine. » Extraits de l’entretien avec Henri Grolleau, Secrétaire Général de « Tourisme en Espace Rural » (TER), association française fondée en 1970 qui fédère une cinquantaine d’organisations spécialisées  dans le tourisme rural (Revue Valeurs Vertes, n° 9, juin – septembre 1994). 

« Le tourisme rural, lui, se définit selon cinq critères :

1)  l’activité est d’initiative locale : on n’a pas décidé à Toronto d’implanter des équipements en Bourgogne. Ce sont les Bourguignons eux-mêmes qui gèrent leurs affaires.

2)  Le développement est maîtrisé localement : autrement dit, on évitera que sous l’injonction d’agents extérieurs, le village de pêcheurs ne se transforme en village de marinas ou le port de pêche en port de plaisance[5].

3) Le caractère local est valorisé : la  nature, les traditions gastronomiques et artistiques font qu’on est en Toscane et non pas en Alsace ! …… Car ce qui caractérise fondamentalement le tourisme rural, c’est la nature du produit, non son implantation territoriale.

4)  Une gestion rigoureusement locale : ce sont les gens du cru qui accueillent la clientèle et non des cadres venus d’ailleurs.

5)  L’essentiel des retombées économiques est local, là encore. 

C’est une logique de petite entreprise implantée dans son milieu avec une gestion de l’emploi et de l’activité qui relève beaucoup de la valorisation de la cellule familiale et du développement local. Autrement dit, c’est de l’artisanat avec son lot de richesses et aussi de faiblesses.

Il faut passer du bricolage à  l’artisanat avec tout ce que cela nécessite de savoir-faire, de savoir-dire, savoir-vendre. Professionnaliser, voilà l’objectif. On oublie trop que l’artisan est un super professionnel qui gère son produit de A à Z. 

La valeur ajoutée du tourisme rural c’est l’homme, il faut donc investir sur l’homme

Ce sont souvent des étrangers ou des personnes retournant au pays qui tombent sous le charme de l’environnement et développent du tourisme rural. Le déclencheur est inévitablement un regard amoureux. …. Ce qui prime ce n’est pas la prestation, mais le prestataire. »

Le tourisme rural dans sa définition la plus large est donc tout simplement la pratique du tourisme en espace rural  (par opposition à espace urbain), quelle qu’en soit la forme. Lorsque l’on y ajoute d’autres critères qui tendent à réserver cette dénomination « rurale »  à certains comportements qualitatifs uniquement (respect des traditions, etc.)

1.1.5 LE TOURISME DURABLE 

La publication de l’OMT intitulée « Développement Durable du Tourisme – Guide à l’intention des autorités locales », publiée en 1999, donne la définition suivante du tourisme durable : 

« Le développement du tourisme durable répond aux besoins des touristes et des régions qui les accueillent, tout en ménageant et améliorant les possibilités futures. Il doit se traduire par une gestion de toutes les ressources permettant à la fois de satisfaire les besoins économiques, esthétiques et sociaux, et de préserver l’intégrité culturelle, les écosystèmes, la bio-diversité et les systèmes de soutien de la vie[6].

A la lumière de cette définition large, on peut préciser ainsi que suit diverses notions sous-jacentes du développement du tourisme durable.

1)  les ressources touristiques – naturelles, historiques, culturelles ou autres – sont conservées de manière qu’on puisse continuer d’en tirer parti dans l’avenir, tout en profitant à la société actuelle

2)  la planification et la gestion du développement touristique se font de telle manière qu’il n’en résulte  pas de problèmes écologiques ou socioculturels graves dans la région concernée

3)  la qualité générale de l’environnement de la région touristique est préservée et, au besoin, améliorée

4)  le niveau de satisfaction des touristes doit être maintenu de sorte que les destinations conservent leur attrait et leur potentiel commercial

5)  le tourisme doit largement profiter à tous les membres de la société »

Tourisme rural au Maroc : Contexte général et enjeux

L’industrie du tourisme au Maroc connaît actuellement des changements majeurs dans le contexte de l’initiative “Vision 2020” destinée à attirer dix millions de touristes à l’horizon 2020. Alors que ce secteur se centrait traditionnellement sur le marché des vacances de plage, le Maroc a commencé à cibler le tourisme rural pour tenter de stimuler le renouveau économique dans les zones éloignées et d’encourager les Marocains expatriés à visiter et à investir dans leur pays d’origine.

Il est connu que le produit touristique, comme tout autre produit de consommation, est constamment menacé par le vieillissement et la saturation. Les deux produits classiques que le Maroc offre tournent autour du balnéaire d’une part, dont seule la station d’Agadir est connue sur le plan international, et du culturel des villes impériales d’autre part. Or, outre une certaine saturation de ces deux produits, ces derniers se révèlent de moins en moins adaptés aux nouvelles motivations du touriste occidental, principal client de la destination Maroc. En effet, on assiste en Europe au développement d´un nouveau marché touristique en liaison avec l´évolution des sociétés industrialisées, qui se traduit par la montée de l´individualisme, du culte de la liberté d´usage de son corps et de la valorisation de la réussite individuelle. La société de consommation, devenue trop confortable et n´offrant plus suffisamment de sensation, suscite un besoin d´évasion et le goût pour les pratiques à risque. Avec la montée de la conscience écologique, les agences de voyages s´orientent vers des produits plus “doux” dans lesquels la découverte – notamment la découverte de l´autre – est mise en valeur. A partir de ce moment là, le produit culturel se trouve valorisé et les voyages de découverte attirent de plus en plus de clients. On assiste de ce fait à un vrai tournant dans l’évolution du tourisme marocain.

Ce tournant se traduit par le succès de nouveaux produits qui n’ont fait l’objet jusqu’ici d’aucune politique claire, précise et méthodique. Il s’agit de la tendance qu’ont les touristes d’aller à la découverte des milieux et communautés de la montagne et du désert, deux formes de fréquentations qui renvoient au tourisme rural. Or, outre le fait que le tourisme en se tournant vers le milieu rural peut se diversifier et renouveler ses produits, les milieux ruraux à ressources limitées peuvent profiter de cette demande puisqu’il est acquis que la pauvreté dans ces milieux ne peut être dépassée tant que l’objectif de développement rural reste fondé sur la seule activité agricole ; par ailleurs, dans les régions fragiles et à faible potentiel, les excès de prélèvements sur les ressources naturelles, eux mêmes liés à la situation de déficit et de besoin, ne peuvent réellement être réduits que si la productivité des systèmes de culture est améliorée de façon significative ou si de nouvelles activités sont introduites pour suppléer aux besoins fondamentaux des populations.

Chaque année, le Maroc reçoit entre 150 000 et 200 000 touristes attirés par ce type de vacances. Ils se rendent dans les régions de l’Atlas, du désert et à la campagne. En juin 2003, le pays a lancé une initiative visant à développer ce secteur en préparant une feuille de route complète de développement des “artères de réception des touristes” dans des zones reculées telles que Chefchaouen, Ifrane, Imouzzer, et Ida ou Tanane, ainsi que dans des lieux connaissant déjà une forte activité touristique mais nécessitant une réhabilitation et un soutien, comme le Grand Atlas, le désert de Rachidia, Ouarzazate et Zagora.

Les populations locales y voient dans le tourisme rural une opportunité de travail et d’emploi à saisir. Ce type de tourisme représente aujourd’hui plus de 6.5% du tourisme international du tourisme du séjour, estimé en 2004 à plus de 5 millions d’arrivées au Maroc et en 2005 à prés de 6 millions. Les chaines de l’Atlas s’accaparent prés de 50% des 150 000 éco-touristes séjournant au Maroc. Le désert occupe le second rang avec 30% de visiteurs. Le tourisme rural dans le Rif semble hésiter au regard de son potentiel très important et ne récolte que 10% de ce tourisme. Le reste, soit 10%, est éparpillé sur l’ensemble du territoire rural marocain[7].

L’Analyse de la situation du tourisme rural

Analyse de l’offre et de la demande en espace rural Marocaine

L’enjeu fondamental pour le tourisme rural c’est l’organisation de l’offre. Le tourisme rural résulte des efforts conjoints de plusieurs catégories de partenaires, et ces partenaires sont, pour la plupart du temps, faibles, petits et diversifiés. Alors, si vous voulez proposer de bons produits de tourisme rural, il est indispensable de structurer et d’organiser l’offre.

Analyse de la demande

L’analyse de la demande consiste à évaluer autant que possible le potentiel de la demande touristique en produits « ruraux ». Cette évaluation est à la fois quantitative (combien) et qualitative (quoi).

Les touristes étrangères [8]

Les touristes étrangers de séjour fréquentent principalement les hébergements touristiques marchands (hôtels classés et non classés, campings, gîtes ruraux) répartis sur l’ensemble du territoire.

 Les arrivées touristiques dans ces hébergements marchands sont évaluées à 4.030.566 en 2000, dont :

3.387.727 pour les hôtels classés,

341.989 pour les hôtels non classés,

300.850 pour les campings.

Cela signifie qu’un touriste étranger de séjour a fréquenté en moyenne 1,64 établissement d’hébergement touristique au cours de son séjour.

Les consommateurs potentiels de tourisme rural au Maroc se sont  élevés à 4.030.566 en 2000.

Ils étaient principalement :

Français : 1.631.365

Allemands : 447.628

Espagnols : 365.520

Italiens : 300.725

Britanniques : 218.635

Ils ont séjourné principalement  dans les régions de :

Marrakech 

Agadir 

Casablanca

Ouarzazate 

Rabat

Tanger

Errachidia 

Tétouan

Les régions objet des projets pilote du Nord ont été relativement peu fréquentées :

Al Hoceima 

Chefchaouen 

Les  passages en zone rurale se limitent bien souvent à des haltes qui sont des « pauses-hygiène » ou des « arrêts photos » et  beaucoup d’excursions ou mini circuits vendus à partir des lieux de séjour consistent à découvrir d’autres villes ! Ceci apparaît d’ailleurs clairement dans les dépliants qui vendent ces excursions. Ainsi, les véritables sorties pouvant être assimilées à du tourisme rural donnant lieu à une valeur ajoutée générée dans le monde rural (c’est à dire à une dépense d’au moins 50 DH) ne représentent actuellement pas plus de 5% du total des touristes en milieu rural. Appliqué au nombre de « touristes en espace rural », ce situe le véritable tourisme rural

Selon la nationalité des touristes : les comportements des touristes sont d’une façon générale différente selon les nationalités. Les Français et les Italiens par  sont proportionnellement plus attirés vers les attraits culturels, les Allemands vers les attraits naturels. Mais là encore aucune information disponible ne permet de distinguer un comportement radicalement différent, en ce qui concerne la consommation de tourisme rural, selon les nationalités des touristes séjournant au Maroc[9].

Les Marocains résidents à l’étranger

42% environ des MRE sont d’origine rurale ou bien ont de la famille installée en zone rurale.

Les principales régions de provenance initiale des MRE par ordre d’importance sont :

Le Souss et le grand sud

Le Nord Est (Rif et région orientale)

Le Centre (Chaouia, Tadla, Doukkala, Abda)

Le Nord Ouest (Gharb, Tanger et Tétouan)

De ce fait, les MRE ont naturellement tendance à visiter les zones rurales mais ils y consacrent au mieux 20% de leur temps de séjour. Ainsi, sur une durée de vacances d’un mois par exemple, la ventilation dominante est la suivante :

– Une semaine pour le trajet aller-retour (la voie routière avec traversée maritime de la Méditerranée étant majoritaire dans les modes de transport)

– Une semaine de séjour en famille largement marquée par des escapades en ville !        

– Deux semaines de séjour en zone de vacances : zones balnéaires essentiellement, et quelques stations de montagne telles Ifrane et Imouzzer.

Il ne faut pas oublier néanmoins la fréquentation très assidue des moussems (fêtes collectives accompagnant des pèlerinages sur le tombeau d’un saint patron et situées en grande majorité en milieu rural).

Il arrive en outre que le temps soit partagé entre les vacances et le règlement d’affaires personnelles requérant des démarches administratives (construction, investissement, emprunts etc.).

Les habitudes de consommation des MRE sont fortement influencées par les modèles de consommation ayant cours dans leurs pays d’accueil. Des entretiens avec les employés de super et hypermarchés ont confirmé la part importante des MRE dans l’effectif de leurs clients durant la période estivale. Ceci est encore plus accentué chez les MRE accompagnés de jeunes enfants ou d’adolescents qui sont conditionnés par leur vie en Europe et qui deviennent de véritables « prescripteurs » de la nature des achats, des lieux d’achat et des lieux de séjour !

En ce qui concerne leur consommation dans le monde rural, elle est quasiment nulle en matière d’hébergement (assuré par la famille ou les amis) et est axée généralement sur l’alimentaire et le folklore. Par contre, lorsqu’ils entreprennent des investissements en zone rurale (moins de 5% des effectifs), les MRE créent une demande de matériaux de construction, de main d’oeuvre et d’intrants agricoles.

La population des MRE, sans qu’il faille toutefois l’ignorer, n’est pas une cible prioritaire en  matière de tourisme rural.

Le tourisme rural intérieur [10]

Il est intéressant de constater que les zones fréquentées par les Résidents (pour l’essentiel des nationaux) sont relativement différentes de celles fréquentées par les etrangers.

Les résidents fréquentent proportionnellement bien davantage le Nord (lieu de transit quasiment obligé) et dans une moindre mesure le Centre ; ils vont moins dans le Balnéaire Sud, et beaucoup moins dans le Centre –Sud et surtout le Grand Sud.

Rapportées aux 15,4 millions d’habitants des communes urbaines, qui constituent l’essentiel du potentiel de tourisme intérieur, les 2,1 millions d’arrivées de résidents dans les hébergements touristiques marchands.

L’importance du tourisme national car, en raison du niveau de revenu et des habitudes culturelles, l’hébergement dans la famille, chez les amis et chez l’habitant, est dominant par rapport à l’hébergement touristique marchand. Selon les dernières enquêtes sur le sujet, la répartition par mode d’hébergement serait la suivante :       

Hébergement en famille ou chez des amis 71%

Hébergement en hôtels toutes catégories 12%

Location saisonnière ou chez l’habitant 8%

Autres 9%

Les hébergements marchands ne représenteraient donc qu’environ 25% des lieux d’hébergement touristique.

En ce qui concerne les destinations et les villes émettrices :

 Les principales destinations des touristes nationaux sont en termes du nombre des arrivées dans les  hébergements marchands (hôtels et campings) :

Le Nord, où les campings notamment jouent une place importante (34% des arrivées des résidents dans la région, contre 15% seulement dans le Balnéaire Sud)

Le Centre, comprenant Casablanca et Rabat, et donc sans doute une part importante de tourisme professionnel, mais également du tourisme de loisirs (importance des campings à El Jadida = 60% des arrivées, et à Kenitra = 56% des arrivées)

Le Haouz (chef lieu Marrakech)

Le Souss Massa (chef lieu Agadir)

Si on inclue  aussi le logement chez l’habitant, les principales destinations sont :

Grand Casablanca

Marrakech – Tensift – Al Haouz

Tanger – Tétouan

Souss Massa Draa

Dakhla – Abda  

Rabat – Sale – Zemmour – Zaer

Le fait que la zone de Tanger – Tétouan soit potentiellement fortement émettrice de tourisme rural est probablement une opportunité pour la région du Rif occidental qui pourrait représenter un « arrière pays » intéressant par sa proximité et sa richesse naturelle et humaine.

En ce qui concerne la part du tourisme rural dans les visites et la consommation chez les nationaux en remarque qu’est encore très faible, en effet :

78% des touristes nationaux déclarent qu’ils sont « pris en charge » par leur famille ou amis lors de leurs déplacements

100% des familles marocaines ont de la famille ou des amis en zone rurale

Environ 50% des Marocains vivent dans le monde rural

90% des vacanciers privilégient le « balnéaire » en été (plus de 65% des départs ont lieu entre juin et août)[11].

 Profils de consommation : Si les étrangers sont essentiellement acheteurs de produits de l’artisanat et consommateurs du folklore, les touristes nationaux présentent un tout autre profil de consommation. En effet,  70% et plus des voyageurs nationaux ont donc recours aux transports en commun. Or ceux-ci sont amenés à rentabiliser leurs véhicules en s’arrêtant quasiment partout y compris parfois en rase campagne. De ce fait, la « restauration » rurale est le premier poste de consommation des touristes nationaux visitant le monde rural ; viennent ensuite les « produits du terroir » (olives, huile, miel, volaille, fruits et légumes), et enfin l’artisanat. 

Contexte des voyages : Les voyages sont effectués régulièrement  à l’occasion des congés annuels et de la fin de l’année scolaire quelle que la taille de la cellule familiale.

Les voyages sont aussi effectués occasionnellement pour des obligations familiales (mariages, fêtes, etc.) ou bien pour des cures ou des séjours culturels.

Les fréquences et durées des voyages : La majorité des personnes disent que les vacances même en été ne durent jamais plus de deux semaines alors que les voyages par obligation ne dépassent pas deux ou trois jours. Quant aux voyages en week-end, ils sont exceptionnels et coïncident généralement avec un « pont » qui prolonge le week-end.

Critères de décision : Les mères de familles ont presque toutes été unanimes pour dire que lorsque les enfants sont petits (<10 ans), ce sont les parents qui décident du lieu de vacance et le critère de base est le repos et le calme.  Lorsque les enfants commencent à grandir (>10 ans), ce sont eux qui influencent beaucoup la décision des parents ; ils veulent des endroits où ils pourraient nager, danser.

Connaissance de l’arrière pays : Il y a une méconnaissance totale de l’arrière-pays ou de certaines zones touristiques citées par les touristes étrangers telles les cascades d’Ouzoud, Imilchil,        

Freins aux voyages en général : Le premier frein reste toujours les moyens. Le frein matériel donc  empêche les familles de voyager : Le prix des hôtels, le prix des appartements…, Lorsque la famille n’a pas de moyen de transport c’est encore un handicap.

Le deuxième frein reste : la recherche d’un peu de confort dans ce genre d’endroits :

Le troisième frein est la méconnaissance des endroits où l’on peut aller

Les attentes :

– Equiper l’arrière pays d’une infrastructure hôtelière à la portée du citoyen

– Faire connaître ces régions à travers les médias pour que les gens aient envie d’y aller…

Récapitulatif de la demande :

La demande en tourisme rural est donc très forte de la part de 2 catégories de clientèles :

Les touristes étrangers en séjour

Les résidents du territoire national

La demande des touristes étrangers est forte, mais elle ne rencontre aucune offre suffisamment structurée.

De ce fait, les opérateurs touristiques eux-mêmes sont peu enclins à élargir leur offre ; certains déclarent même que cette offre s’est plutôt réduite au cours des dernières années.

En conséquence, l’objectif serait de porter le nombre de consommateurs effectifs de tourisme rural parmi les touristes étrangers des quelques 105.000 à 132.000 actuels, à environ 1,3 millions en 2010, soit 10 fois plus.

Encore, Il existe une réelle attente des nationaux  pour des séjours à la campagne ou à la montagne (10,6% des départs en vacances, soit environ 590.000 départs), tout du moins de la part de ceux dont les revenus le permettent. Mais là encore, c’est l’offre qui fait défaut. Elle est soit trop cher, soit de qualité insuffisante, soit les deux à la fois, pour être attractive.

Le potentiel de séjours et/ou de consommations significatives des résidents en zone rurale est important et devrait croître avec l’élévation des niveaux de vie. Une augmentation annuelle de 3% du nombre de séjours touristiques liée à cette élévation des niveaux de vie et à la croissance économique.[12]

Comme pour le tourisme étranger, la mise en marché d’une offre mieux adaptée aux besoins serait susceptible de faire évoluer très rapidement la part des consommateurs de tourisme rural.

Les deux clientèles étrangère et nationale sont d’ailleurs complémentaires géographiquement, si la demande potentielle étrangère s’exprime et s’exprimera principalement au sud d’une ligne imaginaire reliant Essaouira, Marrakech, Errachidia (bien qu’un rééquilibrage progressif devrait intervenir en faveur du Nord avec les nouveaux programmes balnéaires), la demande nationale est déjà très forte et devrait le rester pour une zone tant émettrice que réceptrice délimitée artificiellement par le triangle Casablanca, Tanger, Nador.

En résumé, on peut annoncer que  c’est principalement l’absence d’une offre adaptée à la demande qui est le frein majeur au développement du tourisme rural, tant pour la clientèle potentielle étrangère que pour la clientèle potentielle nationale.

Analyse de l’offre

L’offre du tourisme rural est potentiellement variée : tourisme écologique ou de nature, sports de montagne, tourisme thermal, de cure et de repos.

L’environnement marocain se caractérise par la diversité biologique et la grande richesse de la flore et de la faune, malgré la grande extension des climats arides et désertiques (93% du territoire) et malgré la pauvreté de nombreux sols. On remarque par ailleurs un fort endémisme et une grande richesse de la faune, dont un grand nombre d’espèces sont menacées. Des sites précieux multiples se caractérisent par leur variété écologique et la qualité du paysage. C’est notamment le cas des secteurs montagneux, des littoraux et des zones humides. Les chiffres impressionnants d’espèces relevés dans les études ne reflètent hélas plus entièrement la réalité actuelle ; bon nombre d’espèces animales et végétales ont déjà disparu ou sont devenues très rares et vulnérables, justifiant par là une politique de protection et de gestion rationnelle, fondée sur le principe de valorisation.

Les richesses naturelles diversifiées et souvent menacées du Maroc lui confèrent une responsabilité internationale et nationale à assumer ; ce qui lui impose le devoir d’assurer la pérennisation des richesses qui composent ce patrimoine pour le bénéfice des générations futures. L’exploitation touristique est sans doute le moyen le plus immédiat pour assurer la valorisation et donc la préservation de ces ressources, tant que cette exploitation est réalisée avec les précautions nécessaires.

Le potentiel du tourisme rural Marocain

La diversité naturelle

Le Maroc est l’un des pays les plus originaux des points de vue géographique, climatique et écologique et, par voie de conséquence, parmi les plus intéressants pour l’exploitation touristique écologique.

Plusieurs facteurs se sont conjugués pour offrir cette diversité floristique, faunistique et paysagère, sans égale dans le bassin occidental de la Méditerranée :

 Le passage rapide des hauteurs enneigées de l’Atlas, à plus de 4000 m, aux espaces arides et chauds des oasis et hamadas désertiques et l’extrême diversité du climat, avec un écart pluvial pouvant atteindre 2000 mm entre le nord et le sud ;

La présence d’une double façade maritime atlantique et méditerranéenne ;

Les contrastes géologiques (affleurements de socle, espaces volcaniques, couvertures sédimentaires siliceuses et calcaires, grandes plaines alluviales, zones sableuses littorales), minéralogiques (large éventail de minerais, des roches archéennes très anciennes, des épandages volcaniques récents) et stratigraphiques (sites du Pléistocène et du Quaternaire d’une grande richesse avec notamment des grottes préhistoriques uniques).

La variété des sols, avec des restes de paléosols et des sols de plaine fertiles et spécifiques comme les “tirs”.

La combinaison de tous ces facteurs a engendré une diversité très grande des milieux :

Diversité physionomique des formations végétales : forêt, matorral, steppes ligneuse et graminée,

Diversité écologique des habitats : prairie, culture, boisement, parcours, escarpements, mares (daya) et lacs (aguelmam), lagunes et baies littorales, milieux salés, erg saharien, reg caillouteux, hautes montagnes, plateaux arides, hauts plateaux asylvatiques et froids, gorges profondes, grottes, etc.

Diversité paysagère des sites : montagne rifaine découpée et puissante, haut plateau moyen – atlasique tabulaire et verdoyant, plaine littorale cultivée, infinie étendue saharienne désertique, dôme volcanique sombre, roche rouge, roche verte, roche claire et roche noire des Atlas, manteau végétal des chênaies et dénuement des faciès tabulaires, bleu de l’océan et ocre du Sahara, etc.

Diversité biologique des biotopes : richesse exceptionnelle pour la flore avec un des plus forts taux d’endémisme de toute la région euro-méditerranéenne, richesse incomparable pour les reptiles, richesse élevée pour les mammifères et oiseaux. Le Maroc comptabilise à peu près 4000 espèces de plantes vasculaires (940 genres et 135 familles) et 550 espèces de vertébrés

Le potentiel « nature » est très varié. Il comprend à la fois des sites à valeur paysagère d’observation rapide, des circuits panoramiques, des sites sportifs et des sites d’intérêt biologique favorables pour le développement de l’écotourisme.

Les sites naturels isolés sont des pôles d’attraction, que les touristes visitent à l’occasion d’un transfert entre deux destinations successives (exemple de l’arrêt paysage d’Ito, à l’occasion d’un voyage entre Meknès et le Tafilalt), ou au cours d’excursions rapides à partir de leur lieu de séjour (exemple de la visite de l’Oukaïmeden, à partir de Marrakech, ou d’Imouzzer Ida ou Tanane, à partir d’Agadir).

Les circuits panoramiques et de découverte relient des sites célèbres et sont visités en groupe, en autocar ou en individuel en 4×4. Le Maroc sud-atlasique, avec les vallées du versant sud (Dadss, Mgoun, Todrha), les ksours et palmeraies des oasis présahariennes, les gravures rupestres et les dunes, sont les principales curiosités qui constituent les attraits pour le touriste.

Les sites sportifs sont essentiellement l’apanage de la montagne. On distingue de nombreux sites d’escalade sur des parois rocheuses (plus particulièrement dans le Haut et l’Anti-Atlas), des stations de ski alpin ou de ski de fond (Haut Atlas de  Marrakech, région d’Ifrane, Bou Iblane), des rivières exploitables pour le rafting et le canyoning (Haut Atlas central et Moyen Atlas oriental), des rivières pour la pêche sportive (surtout dans le Moyen Atlas oriental) et de nombreux gouffres, grottes et avens pour la spéléologie.

Le potentiel culturel

Les sites historiques et archéologiques

Les sites d’intérêt préhistorique sont dispersés à travers le pays. On relève, cependant, une plus forte concentration dans le Haut Atlas Occidental et les régions pré sahariennes. Par contre il y a un quasi absence dans le nord en général, et dans la Péninsule Tingitane en particulier.

On retient ainsi l’importance de l’extrême nord du pays pour les sites antiques et islamiques (étant donné les liens tissés avec le monde méditerranéen en général et la Péninsule Ibérique en particulier) qui pourraient donner lieu à des circuits combinés avec d’autres centres d’intérêt.

Le tissage et les parlers

Le tapis rural ce concentre essentiellement dans les régions de montagne, le Moyen Atlas, les Pays Zaian et Zemmour, le Haut Atlas et l’Anti Atlas. La deuxième constatation est que ces régions sont de parler amazigh (berbère). Ainsi, pour le tapis rural, on peut distinguer entre des régions dont le tapis est plus écoulé parce que moins enclavées et connaissant déjà une fréquentation touristique importante comme le Haut Atlas et, surtout, le Moyen Atlas Occidental, et celles dont le tapis est moins diffusé parce que se trouvant dans des régions excentrées comme le Moyen Atlas Oriental et l’Oriental.

La poterie rurale :

La poterie est également très diffuse à travers le pays, à l’exception des Hauts Plateaux de l’Oriental, le Moyen Atlas et le Haut Atlas Oriental. L’intégration de la poterie dans les produits touristiques permet de ce fait d’introduire d’intéressantes considérations sur l’évolution des cultures et des communautés rurales.  Il y a également un lien entre le genre et la répartition spatiale de cette poterie. On relève  ainsi des ateliers où les artisans sont surtout des femmes : ces ateliers se trouvent pour l’essentiel dans le Rif et le Pré Rif, ce qui renvoie au rôle joué par la femme dans les systèmes économiques ruraux de la région. Partout ailleurs la poterie est surtout le fait des hommes, ce qui met davantage en valeur le Rif et Pré-Rif. Quant aux ateliers mixtes, ils peuvent soit combiner le travail de la matière première par les hommes, alors que la cuisson reste l’oeuvre des femmes ou inversement, soit que tout le travail est accompli par les femmes tandis que la commercialisation est assurée par les hommes.Il faut enfin noter que certains ateliers ont disparu ou sont menacés de fermeture à cause des bas salaires et de la concurrence excessive des produits en matière plastique ou produits de la récupération. Aussi l’inclusion de la poterie dans des produits touristiques est peut être la seule façon de venir en aide à quelques ateliers et types de poterie en danger d’extinction

Les souks hebdomadaires en milieu rural

La carte des souks traduit une grande diffusion des marchés ruraux dans le pays.

C’est en fait une des grandes originalités des campagnes marocaines. Lieu d’échange des produits, des services, de l’information et de distraction, le souk ponctue la vie en milieu rural au Maroc. Tous les milieux sont concernés aussi bien les plaines que les plateaux et les montagnes. Plus les densités humaines sont importantes, plus le phénomène des échanges grandit, ce qui explique le vide relatif de certaines régions pour les souks comme les plateaux de l’oriental et les régions internes des montagnes.

L’attrait des souks pour le visiteur n’est pas proportionnel avec la taille des souks et à la limite certains souks moribonds comme les souks des femmes (vieille survivance du passé), dans l’arrière pays d’Al-Hoceïma et dont l’accès est interdit aux hommes, ne sont pas dénués d’intérêt. Parce que certains souks sont plus typés et donc revêtent plus d’intérêt que d’autres, ils ont été scindés en deux catégories, quelle que soit leur taille ; ceux qui revêtent un intérêt particulier pour les visiteurs et ceux dont l’attrait est moindre.

Les moussems et autres activités culturelles

Les moussems constituent une autre occasion d’intense animation en milieu rural marocain. Outre la célébration d’un saint à rayonnement local, régional ou national, le moussem est le lieu de récréation et de distraction. Quand il est d’importance nationale, parfois même régionale, il draine des foules des coins les plus reculés du pays. Alors le nombre de personnes qui sont présentes lors du déroulement d’un moussem peut dépasser les 10.000 individus. Inversement, quand il est d’importance local, son attraction est moins importante. C’est pourquoi la distinction a été faite.

Faisant figure de lieu de fréquentation du tourisme national par excellence aussi bien  à partir du milieu rural qu’urbain, il reflète la culture populaire dans toutes ses formes, même s’il a un caractère éphémère (un jour pour les petits et sept tout au plus pour les plus grands) et très ponctuel (surtout après les moissons).

Comme pour les souks, on relève des vides pour les régions des plateaux de l’oriental et les régions internes des montagnes.

Pour compléter les manifestations en milieu rural (fêtes des dattes à Erfoud et du cheval à Tissa) ou à caractère rural (concours des labours à Souk Larbaa), mais de création plus récente, une rubrique particulière dénommée autres manifestations culturelles leur a été consacrée. Du reste elles sont peu nombreuses, une vingtaine au total.

Les équipements touristiques en zone rural[13]

Quel que soit le potentiel touristique d’une région, il ne peut être valorisé que s’il est accessible. La carte du réseau routier montre les efforts à fournir pour placer telle ou telle curiosité ou ressources sur le marché touristique. Avec un réseau de routes nationales, régionales et provinciales d’environ 60.000 km, le Maroc est généralement considéré comme un pays moyennement équipé en infrastructures routières. Mais alors que ce réseau principal assure la desserte des quatre coins du pays, la pénétration des zones touristiques, lorsque le touriste souhaite sortir des chemins battus, est handicapée par la faiblesse du réseau secondaire desservant le monde rural. La carte qui distingue entre les liaisons principales et les liaisons secondaires met en évidence l’effort qui reste à faire pour que de nouvelles zones et de nouveaux gisements touristiques soient valorisés : la pénétration de la montagne (notamment le Haut Atlas et Moyen Atlas oriental et le Rif) et du désert, est très relative.

Les autoroutes, voies rapides d’accès aux principales régions, se développent et leur réseau se densifie. L’objectif planifié de 1500 km d’autoroutes en 2010 (dont 700 km sont en activité ou programmés) sera probablement atteint. Les autoroutes concédées et à péage déjà réalisées ou programmées desservent ou vont desservir les principales régions touristiques : le Nord et Tanger-Tétouan, Meknès-Fès et dans un futur proche El Jadida, Marrakech et Agadir.

Reste une contradiction à relever. D’un côté il est urgent de moderniser et de densifier le réseau routier asphalté afin de pénétrer certaines région à fort potentiel et de l’autre il est parfois nécessaire de ne pas trop quadriller en routes certaines campagnes reculées afin de leur garder leur aspect de nature non entamée par la modernité, ce que recherchent certains visiteurs en mal de campagne et de natures authentiques. Mais si cela est réalisable dans la plupart des parcs naturels, il est beaucoup plus difficile de soutenir cet argument dans les vallées reculées des montagnes atlasiques où les populations longtemps isolées ont besoin d’un minimum d’infrastructures.

Avec 15 aéroports dont 11 de standing international, le Maroc dispose d’infrastructures aéroportuaires suffisantes pour la desserte des grandes villes et des principales régions touristiques. Le trafic voyageur international augmente régulièrement et a dépassé depuis la fin des années 90 les 6 millions de passagers par an. Il reste cependant à noter la faiblesse des lignes intérieures et la rareté des dessertes des villes par des lignes aériennes qui ne passent pas obligatoirement par la plate-forme de Casablanca. Des lignes de desserte Fès-Marrakech, Fès-Tanger, Casablanca-Oujda pourraient contribuer à une densification des flux internes et à soutenir le lancement de nouvelles régions touristiques. Parmi les exemples de disfonctionnements qui empêchent le tourisme rural de se développer dans une région comme le Tafilalet, il faut rappeler que la ville d’Errachidia, bien que dotée d’un aéroport, n’est pas desservie par des vols réguliers alors que la demande internationale en tourisme de désert est bien réelle.

Les moyens d’hébergement[14]

L’étude des moyens d’hébergement ne peut être menée avec détail que pour les types d’hébergement classés. Or l’hébergement classé ne traite pas des formes d’hébergement les plus fréquentées par le tourisme rural. Il aurait été souhaitable, pour les besoins de cette étude, de partir de la capacité offerte, sa structure et sa répartition géographique, afin d’en tirer les enseignements nécessaires pour des propositions d’actions dans ce domaine. Par manque d’informations officielles, on analysera la capacité classée officiellement avant de Cependant ces moyens d’hébergement réservent une grande place à l’hôtellerie, et en particulier à l’hôtellerie de luxe. 60,5 % des 95.000 lits d’hôtels homologués et recensés en 2000 sont classés dans les catégories des hôtels 4 et 5 étoiles et des villages de vacances. L’hôtellerie de luxe (4-5 étoiles) concentre 44% des lits ; la capacité en lits de cette catégorie de luxe a été multipliée par 7 entre 1964 et 2000, et a pris la première place.

La capacité des catégories moyennes (3 étoiles) a baissé dans un premier temps (jusqu’en 1989) avant de reprendre de l’importance en valeur absolue et en pourcentage. Quant aux classes inférieures (1 et 2 étoiles), elles occupaient en 1964 la première place avec 41,4% de la capacité totale. Depuis cette date, elles ont enregistré le plus faible taux d’accroissement toutes catégories confondues et occupaient en 1989 une place assez faible avec 13,3% du total. Aujourd’hui elle a repris de l’importance et ce à la fois suite à de nouvelles créations et suite à des déclassements.

Il convient d’ajouter à cette capacité d’accueil classée celle non classée, car elle satisfait parfois les besoins du tourisme rural. Aux 95.180 lits dans les hôtels classés s’ajoutent 33.177 lits dans les hôtels non classés et 86.000 emplacements répartis en 96 campings. Reste un dernier mode d’hébergement difficile à estimer car ne faisant l’objet d’aucune statistique. Il s’agit de la location chez l’habitant et du séjour chez les parents et amis.

Le tourisme rural a besoin de formes d’hébergement moins luxueuses, plus légères et implantées en milieu rural. Il est de ce fait nécessaire que cette stratégie de développement d’un tourisme rural soit accompagnée d’un sérieux travail de conception et de production de moyens d’hébergement spécifiques au tourisme rural, labélisés, répartis en fonction des différents types de tourisme à mettre au point et adaptés à ces formes.

Finalement il paraît évident que le potentiel est considérable pour offrir un produit de tourisme rural au Maroc. Ce potentiel pourrait, s’il était valorisé, placer la destination Maroc sur le marché du tourisme culturel et de découverte avec une forte capacité concurrentielle. Plus que cela, il pourrait positionner les différentes régions avec une personnalité propre car ce potentiel est très varié d’une région à l’autre. Mis en valeur, ce potentiel pourrait également renforcer le produit classique du Maroc. En effet, constamment menacé par le vieillissement et la forte concurrence des autres destinations méditerranéennes ou lointaines qui offrent le même produit à des prix plus bas, le balnéaire pourrait être renforcé s’il ajoutait une note rurale, culturelle mais spécifique au Maroc. De même le produit culturel classique des villes impériales pourrait voir la durée de séjour dont il profite s’allonger si chacune des anciennes capitales offrait en plus de son cachet citadin, des virées dans les campagnes environnantes.

Mais ce potentiel est dans la plus part des cas resté à l’état brut. Il ne fait pas l’objet d’une valorisation touristique si ce n’est exceptionnellement par des initiatives individuelles sans concertation, ni montage raisonné, ni image de marque ni canaux de commercialisation. 

En dernière analyse on peut dire que, si le potentiel en matière de tourisme rural est riche, l’offre organisée et produite, elle, est absente. Elle reste quasiment entièrement à créer.

Bibliographie

Monographies : 

  1. Jean STAFFORD : Développement et tourisme au Maroc, Ed. Harmattan – 1996. page 174.
  2. Boris MARTIN : Voyager autrement vers un tourisme responsable, Ed. Charles Léopold Mayer- 2002. page 161.
  3. Clair MICHALON : Différence culturelle mode d’emploi, Ed. Sépia- 2007. page 119. 
  4. Stéphanie  TUTIN : Les  maux  du  tourisme.  Altermondes,  Le  tourisme  en  quête  de  sens.
  5. Printemps 2009-Hors série n°7. Page 11.
  6. Comité  marocain  du  tourisme  responsable : Charte  marocaine  du  tourisme  responsable.
  7. Publication du ministère du tourisme.2006. pages4.
  8. . Publication du secrétariat de la province d’Essaouira. Mai 2009. pages 59
  9. Groupe  pour  la  réduction  de  la  pauvreté:  SE  SOUSTRAIRE  A  LA  PAUVRETE  AU  MAROC.
  10. Publication de la Banque Mondiale. Juillet 2007. pages 119.
  11. Seloua GOURIJA Tourisme et développement durable: quelles conjugaisons? cas du Maroc. 2003
  12. Thèse- Sciences Économiques, Université du Littoral Côte d’Opale  présentée et soutenue publiquement le 11janvier 2007. 
  13. Stéphanie PRAT Le tourisme solidaire et durable : une approche interculturelle du voyage ?
  14. Master II de « Médiation Interculturelle », Institut Catholique de Paris. Septembre 2006. pages59

[1] Comité  marocain  du  tourisme  responsable : Charte  marocaine  du  tourisme  responsable

[2] Jean STAFFORD : Développement et tourisme au Maroc, Ed. Harmattan – 1996. page 174

[3] Clair MICHALON : Différence culturelle mode d’emploi, Ed. Sépia- 2007. page 119

[4] Boris MARTIN : Voyager autrement vers un tourisme responsable, Ed. Charles Léopold Mayer- 2002. page 161

[5] Stéphanie  TUTIN : Les  maux  du  tourisme.  Altermondes,  Le  tourisme  en  quête  de  sens

[6] Printemps 2009-Hors série n°7. Page 11

[7] Publication du ministère du tourisme.2006. pages4

[8] Groupe  pour  la  réduction  de  la  pauvreté:  SE  SOUSTRAIRE  A  LA  PAUVRETE  AU  MAROC

[9] Publication du secrétariat de la province d’Essaouira. Mai 2009. pages 59

[10] Publication de la Banque Mondiale. Juillet 2007. pages 119

[11] Seloua GOURIJA Tourisme et développement durable: quelles conjugaisons? cas du Maroc. 2003

[12] Thèse- Sciences Économiques, Université du Littoral Côte d’Opale  présentée et soutenue publiquement le 11janvier 2007

[13] Stéphanie PRAT Le tourisme solidaire et durable : une approche interculturelle du voyage ?

[14] Master II de « Médiation Interculturelle », Institut Catholique de Paris. Septembre 2006. pages59

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