La femme marocaine et l’espace public, entre progrès et préjugés

La femme marocaine et l’espace public, entre progrès et préjugés.

Echaimae IDRISSI

Doctorante en Droit public et Sciences politiques

Sous  la direction de Professeur Hamid ELAMOURI

 

Université Mohammed VI

Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales. Salé

Résumé

Les progrès qu’a connus la femme marocaine en faveur de sa situation juridique, politique et constitutionnelle font du royaume marocain un modèle unique dans   les pays arabes et africains. Cependant, ces acquis demeurent bloqués  en raison de résistances  sociales et culturelles,  en rendant le processus de la consécration des valeurs d’égalité, de parité et de justice sociale de plus en plus compliqué et nécessite des investigations multidisciplinaires plus approfondies.

La représentativité de la femme marocaine au niveau de la scène politique reste, néanmoins, timide, et dévoile une réalité d’une présence forte d’un système patriarcal ancré, par les institutions de socialisation, garant toujours ce partage androcentrique[1]  des rôles des deux sexes, en l’occurrence, la distinction des deux espaces, public et privé. Cette situation est essentiellement liée à un système de valeurs qui  ne change pas avec  la même cadence  que les  autres paramètres sociaux,  et trouve son expression dans les périphériques, à savoir les représentations sociales. Ces dernières sont formées à propos de divers objets sociaux ne restent pas  des constructions immuables et peuvent  être influencées par plusieurs facteurs. Leur contenu est varié en raison de la pluralité des opinions, des images ou des croyances  que des stéréotypes[2] intériorisées par les individus et exprimées par des attitudes et des comportements[3].

En vue de contribuer à la perception de la situation de la femme au Maroc, cet article tend à énumérer d’une part, les  acquis juridiques, législatifs, et constitutionnel et d’autre part,  les éléments constitutifs d’un fardeau social ancré par un système de socialisation reproduisant des idées antiques entravant tout progrès  de citoyenneté féminine à part entière. Alors, dans quelle mesure les représentations et les préjugés ancrés par  la socialisation   peuvent-ils influencer l’accès de la femme marocaine à l’espace public ?

Pour répondre à cette question, on a opté pour une démarche empirique basée  sur   un échantillon représentatif  de  600 ménages extrait de la région Rabat Salé-Kenitra. Les personnes enquêtées sont   partagées d’une façon égalitaire entre les deux sexes  (50% Homme, 50% Femme), dans un cadre d’une approche quantitative qui a été adoptée  à la  partie empirique. A cet égard, on a adopté la technique du questionnaire  administré  soit personnellement  ou avec une petite équipe instruite (bac plus 2 et plus) bien formée en amant, tout en étant sur terrain pour superviser le déroulement de l’enquête dans les meilleurs conditions possibles.

  1. Du paradigme patriarcal au paradigme égalitaire : approche juridique

A la veille du 21  ème siècle, malgré les  progrès  réalisées par les femmes dans la vie publique et leur nouveau rôle dans la société, le statut que leur accorde un code de la famille, élaboré après l’indépendance en 1956,  les reléguait  derrière les hommes et les plaçait dans un rapport de soumission à leur égard, les considérant comme des êtres  inférieurs.[4]

Bien qu’ayant représenté à l’époque de sa promulgation un pas vers l’élaboration d’une loi positive, la conception de ce code demeurait liée à une lecture littérale de la jurisprudence religieuse ( fiqh). Or sur le plan de l’élaboration et de l’activité publique, la situation des femmes a connu une évolution notaire, participant par voie de conséquence à la mise en question du paradigme autoritaire et l’instauration de nouveaux rapports entre la société civile et l’Etat, ces  mutations peuvent  être comprises comme conséquence.

L’émergence d’une société civile considérée comme acteur de la dynamique de l’évolution des rapports sociétaux. Depuis les années 70, le mouvement des femmes et les associations des droits de l’Homme ont inscrit le changement du code de la famille sur l’agenda politique.

Les années 80 ont vu la création de plusieurs associations de femmes ; celle-ci va constituer l’ossature du mouvements féministe dont les revendications pour le changement vont prendre la forme de compagne de plus en plus intense pour la réforme de la « Moudawana ».[5]

L’apparition d’un leadership féminin  surtout au sein de la société civile, a été le catalyseur d’un mouvement des femmes, émergeant sur la scène associative. En nouant des liens dans des réseaux au Maroc et au-delà, vers l’international, en affirmant sa conscience de son identité en réclamant une relecture de l’Islam, en insistant sur un nouveau paradigme égalitaire et de nouveau rapports à l’Etat, en revendiquant la référence aux valeurs universelles  incontournable de l’Etat.[6]

Le plaidoyer mené par la société civile, s’est accompagné d’un travail intellectuel auquel ont participé des figures intellectuelles telles Fatima Mernissi et d’autres qui, dès les années 70 ont publié des écrits sur la femme dans les pays musulmans et explorés les rapports sociaux de sexes dans l’histoire de l’Islam, dans les discours et les interprétations que certains musulmans  ont donné au  statut de la femme en Islam .[7]

Ces différents mouvements ont été sans doute couronnés au sein de la constitution marocaine de 2011 par une vraie concrétisation du nouveau statut de la femme, et ce en terme d’égalité et de parité. A cet égard  elle stipule dans son préambule que  «  Le Royaume du Maroc s’engage à combattre et bannir toute discrimination à l’égard de quiconque en raison du sexe », ce qui impulse une nouvelle dynamique d’égalité entre les deux sexes , aussi elle prévoit dans son article 19  que «  l’homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental, énoncés dans le présent titres et dans les autres dispositions de la constitution, ainsi que  dans les conventions et pactes internationaux dûment  ratifiés par le Royaume. L’Etat marocain œuvre à la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes. Il est créé, à cet effet, une Autorité pour la parité et la lutte contre toutes formes de discrimination »[8].Ces avancées constitutionnelles remontent à l’article 8 De la constitution de 1996, qui reconnaissait pour la première fois que « L’homme et la femme jouissent de droits politiques égaux. Sont électeurs tous les citoyens majeurs des deux sexes jouissant de leurs droits civils et politiques »[9].

  1. Les valeurs d’obéissance  comme base de socialisation primaire

Scientifiquement, la sociologie distingue  des    moments  différents  de socialisation, elle les a regroupés en deux grande catégories, en l’occurrence, la socialisation primaire (phase principale durant l’enfance et celle secondaire (étape éducative intervenant à l’âge adulte)[10].

« Il est évident, écrivent les auteurs, que la socialisation primaire est habituellement la plus importante pour l’individu, et que la structure de base de toute socialisation secondaire doit ressembler à celle de la socialisation primaire »[11].

Tant dis que  l’importance de la socialisation secondaire réside, pour Berger et Luckmann, dans sa dynamique liée aux acquisitions de nouveaux rôles dans le cadre de la division du travail. Mais le contenu de ces acquisitions est, à leurs yeux, « bien moins subjectif que la connaissance acquise aux cours de la socialisation primaire »[12].

La contradiction entre ces deux socialisations ne conduit pas nécessairement à des ruptures subjectives, dans la mesure où l’autre rencontré ne représente pas forcément un Autre significatif et que les rôles de la socialisation secondaire « sous-tendent un haut degré d’anonymat »[13].

Pierre Bourdieu a défini ce concept comme « un système de dispositions durables et transposables, structures structurées, prédisposées à fonctionner comme structures structurantes, c’est-à-dire, en tant que principes générateurs et organisateurs de pratiques et de représentations. Présence active et synthétique de tout le passé qui l’a produit, l’habitus est la structure génératrice des pratiques, parfaitement conformes à sa logique et à ses exigences, c’est-à-dire excluant les pratiques les plus improbables »[14]. Dans une perspective plus précise Emile Durkheim a souligné l’importance de la primauté du groupe  sur l’individu pour remplir une fonction assurant le fonctionnement harmonieux de société, et   respectant le  lien social qui lie les individus par un système de droits et de devoirs[15]. Tandis que Max Weber [16]soulève deux types d’action, notamment, « l’action communautaire »  en exprimant les attentes vis-à-vis de la communauté ou  « l’action sociétaire » en adoptant les règles déjà établies par la société.[17]

Tableau n°1: Les qualités que les parents doivent transmettre à leurs enfants

 %Classement
L’indépendance35,16%6
Travailler dur72,66%4
Le sens des responsabilités76,33%3
L’imagination21,50%10
La tolérance et le respect des   Autres  80%2
L’esprit d’économie,28,83%7
La détermination, la   persévérance  28,83%8
La foi religieuse85,66%1
L’abnégation (esprit de   sacrifice)  25%9
L’obéissance  59,66%  5

Les enquêtés ont déclaré, comme mentionné au tableau ci-dessus, que leurs 5 priorités inscrites au processus de transmission des qualités à leurs enfants se classent comme suit : La foi religieuse (85%), La tolérance et le respect des autres (80%) , Le sens des responsabilités (76,33%), Travailler dur (72,66%), L’obéissance (59,66%). Pour les autres qualités concernant l’indépendance(35,16%), L’esprit d’économie (28,83%), la persévérance( 28,83%), l’abnégation ( 25%), l’imagination (21,5%), sont classés aux derniers rangs.

L’interprétation de ces résultats nous renvoie à la rigidité de la famille marocaine à introduire des qualités encourageant l’autonomie individuelle, la prise de risque et l’indépendance. Ce qui explique la persistance de la dépendance de l’individu qui entrave toute possibilité de développement de sa personnalité, de possibilité de gérer sa vie en toute liberté et en pleine conscience.

Tableau n°2: Les qualités que les parents doivent transmettre à leurs enfants

     La présente enquête  Enquête   mondialme sur les valeurs de 2001
L’indépendance35,16%636,9%6
Travailler dur72,66%468,8%2
Le sens des responsabilités76,33%364,4%4
L’imagination21,50%109,9%10%
La tolérance et le respect des   Autres  80%  264,7%3
L’esprit d’économie,28,83%  7    35,8%7
La détermination, la   Perseverance  28,83%  816,4%8
La foi religieuse85,66%177,3%1
L’abnégation (esprit de   sacrifice)  25%  910,7%9
L’obéissance59,66%550,8%5

En comparant les résultats des deux enquêtes, on constate que les réponses liées à l’éducation donnée au sein de la famille sont moins uniformes et surtout font apparaître des évolutions relativement significatives pour certaines d’entre elles.

Sur cette période qui s’étale sur plus de 10 ans « encourager la foi religieuse chez ses enfants a passé de 77,3% en 2001 à 85,66% dans le cadre de la présente enquête soit un taux de variation de 8,3%.

La qualité de l’imagination mérite aussi être soulignée. Cette valeur qui a passé de 10%, en 2001, à 21,5% dans notre enquête.

On aperçoit également que l’opinion relative à l’abnégation a connu des changements nettement sensibles passant du 4ème rang au 3ème rang selon les résultats de la présente enquête. Cette comparaison a pu reveler, également, la stagnation des autres valeurs restantes sur cette période ( 2001-2017).

  1. L’Inconscient androcentrique et rejet de la femme marocaine de l’espace public.  

L’idéologie conservatrice du protectorat interdisait, en effet, de faciliter l’accès des femmes à la politique. Les nationalistes eux-mêmes, malgré l’implication de quelques femmes prestigieuses dans le combat politique, n’ont jamais manifesté la volonté d’encourager les femmes dans cette voie. Et même si certaines voix masculines se sont élevées en faveur de l’émancipation féminine, elles sont restées lentement minoritaires dans la mesure où ces idées ne correspondaient pas aux idéaux et aux préoccupations du peuple marocain qui avait pour but principal, à cette époque, la préservation de l’identité, dont les femmes étaient considérées comme les gardiennes.                                                                                              

Les femmes marocaines se sont trouvées ainsi au centre d’un enjeu sur lequel elles n’avaient aucune prise. Et les rares vœux d’émancipation féminine, lorsqu’ils ont été exprimés, n’ont pu l’être par les femmes, ces dernières n’ayant pas une instruction suffisante.

Avec l’indépendance, un changement de fond va se profiter à l’avantage des femmes et l’affirmation d’une identité nouvelle. Le vent de liberté qui souffle englobe les femmes dans son mouvement, mais la pensée politique dominante continue à considérer que la question des femmes n’est pas à l’ordre du jour, et qu’elle ne peut être résolue que dans le cadre de la construction  du pays, Zakia Daoud explique cette position  sur la question féminine dans la pensée politique des nationalistes marocaines par l’influence des salafistes qui ont mis l’accent sur l’islam  en tant que référence exclusive pour traiter de la question des femmes[18]. La cause des femmes n’était alors pas considérée comme une bonne cause et la volonté de transformer la situation des femmes dans un sens moderne comme la négation de l’excellence de ce qui a été établi par l’islam. Cette séparation de l’espace privé et l’espace publique, étant la caractéristique principale de la relation genre,  est une des conséquences de la « violence fondatrice » qui se trouve au point du départ du politique[19]. Et qui va perpétuer les représentations et  les comportements aussi bien des hommes que des femmes.

Avec une scène en plein dynamique multidimensionnelle ; économique, sociale, culturelle, plusieurs changements ont affecté la population féminine, provoquant une évolution  concernant le  rapport société-Etat. A  cet égard, beaucoup de femmes ont réalisé, dans l’espace public, des avancées   au niveau de différents  domaines  et occupé des postes dans l’administration, l’éducation, la santé, les affaires…

Il faut retenir tout d’abord des mutations  sociologiques et au premier chef, l’entrée massive des femmes dans l’enseignement. Par ailleurs, fait marquant, elles participent à la vie économique. En conséquence, la situation des femmes a suivi ce changement par leur intégration progressive  dans la population active et dans la vie publique ; une famille sur cinq est dirigée  par une femme.[20]

Ceci étant dit, qu’on n’est-t-il de la situation de la femme marocaine dans les divers domaines d’activité sociétale ?

Dans cette perception, la présente enquête  a estimer judicieux de faire sortir les attitudes des enquêtés à l’égard de la présence de la femme dans divers domaine sociétaux ( foyer, politique, espace associatif, travail, domaine religieux).

Graphique  n°1: Attitudes à l’égard de la présence de la femme dans l’espace public

A la question : « A votre avis, quel est le domaine dans lequel préférez-vous la présence de la femme? », le dépouillement des résultats traduit largement la persistance de l’attachement au paradigme patriarcal. Le premier classement par excellence est celui de « femme au foyer » avec un taux de l’ordre de 75,67%, hors que l’espace public n’a atteint qu’une valeur de 5,66% (4,83% pour le champ politique et 0,83% pour la société civile). Ces attitudes trouvent, probablement, leur légitimité dans le mode d’éducation inculqué par les différentes institutions de socialisation (famille, école, institutions religieuses). A cet égard, la Direction des Etudes et des Prévisions Financières  liée au Ministère des Finances,   a conclu, dans le cadre d’une   étude en matière d’égalité de genre, que l’emploi du temps des enfants âgés de 7 ans à 14 ans permet de ressortir un partage illégal des activités quotidiennes entre les filles et les garçons. Les filles contribuent aux activités domestiques en consacrant 1h16 min, soit 3,4 fois plus du temps que les garçons, ces derniers qui réservent à l’activité professionnelle 1,5 de plus du temps consacré par les filles. Ce qui laisse présager que le  modèle     des  rapports  de  travail  homme/femme  se  transmet  dans  l’éducation

différenciée des filles et des garçons30. Cette idée se trouve également chez Erving

Goffman et d’autres auteurs dans ce qu’il est convenu de nommer « stigmatisation »31.

En général, le stigmate est une construction sociale qui peut recouvrir une série d’oppositions, ce qui renvoie à la dichotomie différent-semblable, positif-négatif, inférieur-supérieur, déviant-normal, faible-puissant. L’appropriation individuelle de la stigmatisation passe par un apprentissage social des réactions affectives envers la différence. Ces distinctions peuvent se traduire au plan des conduites par la discrimination ou faire l’objet d’une censure personnelle32. D’où ce bannissement de la femme de l’espace public dans les représentations   et les esprits des gens (hommes, femmes).

Graphique n°2: Foyer comme domaine prioritaire de la femme marocaine

On constate clairement que cette distinction entre l’espace public et l’espace privé n’est pas liée seulement au sexe masculin, mais la femme aussi est responsable de cette situation discriminatoire. A force d’enseigner aux enfants des normes et comportements spécifiques selon leur genre, on se trouve avec une reproduction des idées androcentriques.

Il s’agit d’un processus complexe de socialisation par rapport au genre dans et par lequel les filles et les garçons acquièrent des outils pour construire leur identité sexuée. Et ce à la base des stéréotypes apportés par la société. D’après les statistiques mentionnées sur le graphique ci-dessus, on constate que les femmes contribuent, également, à cette persistance des inégalités, et continuent à calquer le même modèle patriarchal pour les futures generations.

Suite à ladite étude, 49,83%  des enquêtés ont justifié leur prise de position à l’égard de la participation politique de la femme par des raisons d’ordre privé liées à ses responsabilités envers sa famille et ses enfants . Suivi d’un taux de l’orde de 39,17% d’enquêtés qui ont estimé que c’est dû à la faiblesse de son  niveau d’instruction , alors que  la domination émotionnelle  a été justifiée par 32,33%. Les autres causes se classent respectivement à des proportions moins de 25%.

Ces résultats  concordent, pour une grande partie, avec les expectations théoriques telles que développées par Pierre Bourdieu dans son ouvrage monumental  « La domination masculine »[21] .

Domination qui est assurée pour se passer de justification : elle peut se contenter d’être et de se dire dans des pratiques et des discours qui énoncent l’être sur le mode de l’évidence. Ainsi, à la force d’une socialisation basée sur l’inculcation d’un système de valeurs qui donne la priorité à l’obéissance, la division semble être dans l’ordre naturel des choses à tel point qu’on peut parler parfois de ce qui est normal, naturel , au point d’en être inévitable.   Si cette division devient du domaine de l’impensé, c’est qu’elle, aux yeux de Pierre Bourdieu[22], présente à l’état objectivisé , dans le monde social et aussi à l’état incorporé, dans des habitus où elle fonctionne comme un principe universel de vision et de division ; comme un système de catégories, de perception, de pensée et d’action. C’est cette concordance entre les structures objectives et les schèmes de pensée qui rend possible cette vision du monde que Husserel décrivait comme « attitudes naturelles » et avant lui, Etienne de la Boétie, lorsqu’il a parlé de la « servitude volontaire »[23].

Conclusion

Malgré les progrès qu’a connus la situation de la femme marocaine en termes de droits,  les différents éléments examinés ci-dessus, confirment la présence d’un  processus de socialisation  complexe et composé de plusieurs aspects de la vie quotidienne. Il prend place dès les premiers jours d’un enfant et lui apprend, pendant le développement de  sa personnalité,  la place qui a été consacrée pour chacun des deux sexes. Le mode d’éducation au sein de la famille, avec tous ses mécanismes et ses outils (comportements, gestes, punitions, attitudes, choix …)  est le  modèle qui sert à inculquer la discrimination sexuelle,  et de faire accepter un partage androcentrique des rôles. Les stéréotypes que la société transmet aux enfants en fonction de  leur sexe biologique ont un impact  déterminant sur leurs attitudes  une fois adultes, et contribuent, forcément, à aggraver la discrimination entre les  deux sexes. C’est ainsi que la socialisation différenciée selon le genre  mène à l’inégalité sociale,  et une reproduction des préjugés et des stéréotypes qui se   manifestent , par la suite, par un partage des espaces public et privé, et entrave, par excellence, toute  possibilité féminine d’accès à  la scène politique.

BIBLIOGRAPHIE

  1. Abderrazak Moulay Rchid, La condition de la femme au Maroc, collection de la Faculté de Droit de Rabat,n° 33, 1985.
  2. Abderrazak Moulay Rchidi : «  La Moudawana en question » in : R :Bourqia, M . Charrad ; N. Gallaher( Dirs) : Femmes, culture et sociétéau Maghreb, Volume II, Edition Afrique orient, 2000.
  3. Berger (Peter), Luckmann (Thomas).– The social construction of reality. A treatise in the sociology of knowledge [1966], trad. fr. La construction sociale de la réalité, Paris, Armand Colin, 1986.p. 180.
  4. Bourquia Rahma.Culture politique au Maroc à l’épreuve des mutations, Harmattan, 2011, p 216- p 217.
  5. Claude. Dubar, La socialisation, Paris, Armand Colin, 2000, p.69.
  6. Constitution adopté après le référundum du 13 septembre 1996.
  7. Constitution marocaine 2011.
  8. Emile. Durkeim, cité par D. Bolliet et J.P .Schmitt : La socialisation, Paris, Bréal, 2002, P 131.
  9. Etienne de la BOETIE, Le discours sur la servitude volontaire ou le Contr’un, un ouvrage rédigé  par fragments en 1574, puis intégralement en français en 1576.
  10. Fouzia Rhissassi .UNESCO. Images de femmes Regards de société .Lacroisée des chemins 2005.
  11. Julien . FREUND, Sociologie du conflit, Paris, 1993.
  12. Nicolas Roussiau, Christine Bonardi : Les représentations sociales: état des lieux et perspectives, Editions Mardaga, 2001, p 15.
  13. Nicole Mosconi,  Femmes et savoir: la société, l’école et la division sexuelle des savoirs,   L’Harmattan, 1994.
  14. Pierre . Bourdieu, Domination masculine,  Paris, Le Seuil, coll. Liber, 1998.
  15. Stéphanie Nkoghe, Anthropologie de la socialisation, L’Harmattan2013, pp.  20-21.
  16. Zakia . DAOUD, « Femme et politique au Maghreb », Eddif, 1993.

[1] est un mode de pensée (conscient ou non) consistant à envisager le monde  du point de vue des êtres humains de sexe masculin , c’est une domination masculine chez  Nicole Mosconi « (1994) :  Femmes et savoir: la société, l’école et la division sexuelle des savoirs,   L’Harmattan »,, et  le fondement objectif de la construction des genres Selon Bourdieu,P « (1998) : Domination masculine,  Paris, Le Seuil, coll. Liber »

[2] Nicolas Roussiau, Christine Bonardi  (2001) : Les représentations sociales: état des lieux et perspectives, Editions Mardaga. p 15

[3] Sous la sirection de Fouzia Rhissassi .UNESCO. Images de femmes Regards de société .Lacroisée des chemins 2005

[4] Ibid p 220

[5] La première association de femme crée  est l’association Démocratique des femmes du Maroc  ( ADFM, 1985), suivie par l’Union de l’Action Féminine (UAF, 1987) ; l’Association Marocain des Droits des Femmes (AMDF, 1992). Durant les années 90, plusieurs autres associations vont voire  le jour même parmi les femmes de tendance islamiste.

[6] Voir Abderrazak Moulay Rchidi : «  La Moudawana en question » in : R :Bourqia, M . Charrad ; N. Gallaher( Dirs) : Femmes, culture et sociétéau Maghreb, Volume II, Edition Afrique orient, 2000.

[7] Abderrazak Moulay Rchid, La condition de la femme au Maroc, collection de la Faculté de Droit de Rabat,n° 33, 1985

[8] Constitution marocaine 2011

[9] Texte de la Constitution adopté après le référundum du 13 septembre 1996

[10] Stéphanie Nkoghe  (2013 ) : Anthropologie de la socialisation, L’Harmattan, p 20

[11] Berger (Peter), Luckmann (Thomas).– The social construction of reality. A treatise in the sociology of knowledge [1966], trad. fr. La construction sociale de la réalité, Paris, Armand Colin, 1986.p. 180)

[12] (Berger, Luckmann, op. cit., p. 195).

[13] (Berger, Luckmann, op. cit., p. 194).

[14] Claude. Dubar(2000) : La socialisation, Paris, Armand Colin , p.69

[15] Emile. Durkeim (cité par D. Bolliet et J.P .Schmitt : La socialisation, Paris, Bréal, 2002, P 131)

[16] Idem 90

[17]  Stéphanie Nkoghe  ( 2013) : Anthropologie de la socialisation, pp.  20-21

[18] Zakia . DAOUD. (1993) : « Femme et politique au Maghreb », Eddif.

[19] Voir Julien . FREUND(1993) : Sociologie du conflit .Paris.

[20] Bourquia Rahma.Culture politique au Maroc à l’épreuve des mutations,2011,  Harmattan, p 216- p 217

[21] Pierre . Bourdieu, (1998) : Domination masculine,  Paris, Le Seuil, coll. Liber

[22] Idem

[23] Voir Etienne de la BOETIE, Le discours sur la servitude volontaire ou le Contr’un, un ouvrage rédigé  par fragments en 1574, puis intégralement en français en 1576

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