La microfinance en Afrique du Nord : cas du Maroc

La microfinance en Afrique du Nord : cas du Maroc

Machrafi Badr (Université Mohammed V – Rabat/FSJES-Salé)

Résumé :

La pauvreté est généralement analysée comme un enjeu économique avec le niveau de revenu, une mesure commune pour déterminer le bien-être des individus. Le concept de pauvreté a évolué pour inclure également d’autres privations telles que le manque de nourriture, le logement, l’habillement, l’éducation et la santé. Cet article explore l’un des outils pour résoudre le problème du manque de revenus. On va s’intéresser au rôle des Institutions de Microfinance (IMF) qui s’adressent à une partie du problème de la pauvreté, en offrant des services financiers à cette population. Ces services offrent une solution incomplète en ignorant la santé et de l’éducation.

La microfinance constitue, par ailleurs, l’un des axes stratégiques des politiques actuelles, ayant pour objet la lutte contre la pauvreté et la réduction des inégalités et la promotion de l’activité économique du pays. Mais, au-delà de toutes ces mesures et à la lumière d’une dizaine d’années d’expérience. On doit s’interroger sur la réponse que la microfinance peut apporter à l’exclusion des pauvres et à l’inégalité de l’accès aux institutions de financement, tout en optimisant la performance financière puisque dans de nombreux pays africains, les IMF sont confrontés à un pourcentage important de leurs clients infectés ou à risque.

De nombreuses études soit professionnelles et/ ou universitaire, ont mis en considération l’importance des services de la microfinance dans la réduction de la vulnérabilité des populations à faibles revenus. La réduction de la pauvreté dépond des types de produits offerts ainsi que les moyens prisent dans chaque région.

Mots clefs :

Pauvreté, microfinance, institutions de microfinance, des services financiers, l’amélioration de la qualité des services financiers, secteur informel, secteur formel

1.     Introduction

Les problèmes de manque d’emploi, la pauvreté dans la plupart des pays en développement, l’absence apparente d’efficacité des pratiques traditionnelles d’aide au développement, exigent à repenser sérieusement sur certains aspects de stratégies et d’aide au développement économique et social de la nation.

En septembre 2000, Le du sommet du millénaire des Nations Unies a adopté des Objectifs du Millénaire pour le Développement qui ont pour rôle la réduction spectaculaire de la pauvreté et des améliorations notables dans la situation de la santé pour les pauvres pour horizon 2015.

De ce fait, le système financier doit jouer un rôle idéal dans l’encouragement de la croissance économique et le développement social de la population qui peut être dite vulnérables aux services financiers formel (ou classique).

Dans ce sens la microfinance a pris une place qui devenu importante au cours des années. Elle a pu accroître l’accès ainsi que l’amélioration de la qualité des services financiers auxquels les plus pauvres peuvent recourir, où qui peuvent leur être d’une quelconque utilité puisque le système bancaire classique trouve des difficultés pour adapter son offre à cette population puisque :

  • Les banques sont présentés dans des zones qui ne sont pas proche de la population pauvres ;
  • Les banques présentent la population pauvres comme une clientèle à risque ;
  • Cette population n’a pas souvent de possibilité d’offrir des garanties qui sont exigées par les banques.

Avec l’adoption des objectifs du millénaire, le secteur de la microfinance a permis d’être un secteur prometteur avec la création des institutions qui sont devenues un point fort dans l’aide à la croissance économique et au développement social du pays en voie de développement.

Avec le temps et le développement de ce secteur particulier de la finance partout dans le monde, la microfinance est l’intermédiation financière par le biais de la distribution de petits prêts, l’acceptation de la petite épargne et la fourniture d’autres produits et services financiers aux pauvres. La contribution de la microfinance en réduction de la pauvreté se traduit par les Nations Unies de déclarer l’année de 2005, « Année internationale du microcrédit ». Le Sommet du Microcrédit campagne, qui a débuté en 1997 avec l’objectif de fournir la microfinance à 100 millions des familles les plus pauvres du monde, indique dans son rapport de 2003 que 41,6 millions des clients les plus pauvres ont été acquis l’accès aux services financiers depuis 1997.

La pauvreté est généralement analysée comme un enjeu économique avec le niveau de revenu, une mesure commune pour déterminer le bien-être des individus. Le concept de pauvreté a évolué pour inclure également d’autres privations telles que le manque de nourriture, le logement, l’habillement, l’éducation et la santé. Cet article explore l’un des outils pour résoudre le problème du manque de revenus. On va s’intéresser au rôle des Institutions de Microfinance (IMF) qui s’adressent à une partie du problème de la pauvreté, en offrant des services financiers à cette population. Ces services offrent une solution pour créer des petits projets qui permettent à cette partie de la population d’avoir un revenu pour survivre.

Pour cela nous allons répondre sur les questions suivantes :

  • Dans quelle mesure la microfinance peut constituer un dispositif de stimulation et d’incitation à la création de la valeur ? Quels sont ses impacts directs et indirects sur le développement et la croissance économique ?
  • Et existe-t-il des obstacles qui empêchent les exclus du système financier formel, de profiter des avantages de la microfinance ?

Afin de répondre à nos questions, nous avons mené notre recherche en optant pour une démarche inductive, qui s’inspire des approches de développement, de l’emploi et de la microfinance, et la confrontation de ces approches avec la réalité nord-africaine, tout en procédant à une étude comparative entre les établissements de microfinance au Maroc.

2.     La définition et les différentes formes d’institutions de la microfinance

2.1.           Origine et définition

La microfinance est en réalité une pratique très ancienne qui a été pratiquée par les babyloniens de façon informelle, mais en 1975 a connu son réel essor sous l’impulsion de Muhammad Yunus, économiste bangladeshi fondateur de l’organisation Grameen et prix Nobel de la paix en 2006. En fait, l’histoire des institutions de microfinance est très instructive notamment pour les institutions de microfinance de type mutualiste. La microfinance est un phénomène ancien, notamment dans sa forme d’action collective du type coopératif ou mutualiste, qui connaitra un développement dans les années 1980 sous forme « de crédit solidaire » apparu comme un instrument efficace de lutte contre la pauvreté. En effet, ce type de financement a été mis en application avant même que la Banque Mondiale ne manifeste son intérêt pour la microfinance au début des années 1980 et avant qu’il constitue le Groupe Consultatif pour l’Assistance aux Pauvres dont les activités ont porté sur la tenue du sommet mondial sur la microfinance en 1997. En Afrique, les pratiques de la microfinance sont encore plus anciennes, ou il existait plusieurs institutions de microfinance dont les plus anciennes avaient déjà entre vingt et trente ans d’existence surtout celles qui relèvent de la collecte de la petite épargne. Dans des pays comme le Burkina Faso ou le Cameroun par exemple, les premières coopératives d’épargne et de crédit ont vu le jour au cours des années 1960. Pour beaucoup de personnes et pour le grand public en particulier, la microfinance se confond avec le microcrédit. La microfinance désigne les dispositifs permettant d’offrir de très petits crédits « microcrédit » à des familles très pauvres pour les aider à conduire des activités productives ou génératrices de revenus leur permettant ainsi de développer leurs très petites entreprises.

Dans les pays en développement, une grande partie de la population ; les paysans, les personnes pauvres, les entrepreneurs du secteur informel, etc., n’a pas accès aux services de la banque. Suite que les banques classent ces personnes comme des agents comme peu rentable et plus risqués. De fait, les institutions de microfinance offrent des produits relativement adaptés aux besoins d’une population spécifique. Généralement cette population est caractérisée par son niveau de pauvreté et l’inaccessibilité aux prestations de services financiers offertes par le secteur formel.

Pour la plupart de ces agents le recours à la microfinance qui désigne les dispositifs qui permettent d’offrir de très petits fonds à des familles très pauvres pour les aider à conduire des activités productives afin de générer des revenus qui leur permettant de développer leurs petits projets.

On peut définir la microfinance comme l’ensemble des activités et des services mises en œuvre et proposés à des proposés à des individus n’ayant pas accès au système bancaire formel. Ces services financiers sont le plus souvent le crédit et l’épargne, mais il peut s’agir aussi d’autres services spécialisés (assurance, crédit bail…). Mais la diversité des définitions telle qu’elle apparaît à la lumière de la littérature spécialisée peut être regroupée sous quatre catégories :

  • Une définition de nature quantitative cherchant à caractériser la microfinance par la taille des transactions ;
  • Une définition de nature plus institutionnelle qui voit dans la microfinance des modalités d’économie d’échange fondées sur la solidarité et la proximité ;
  • Une définition au large qui pousse la microfinance au-delà des frontières strictes de la finance ;
  • Et une dernière définition normative qui conçoit les institutions de microfinance comme des alternatives aux échecs de marché dans le domaine spécifiques du financement des petites et micro-activités productives.

2.2.           Différentes formes d’institutions de la microfinance

Selon la situation dans laquelle se trouve une partie de la population, les personnes pauvres. La microfinance permet à cette partie de la population non pas seulement de survivre mais d’investir et faire des plans pour l’avenir afin d’améliorer leurs conditions de vie puisque les personnes pauvres non pas besoin des crédits et des prêts mais ils ont besoin de toute une gamme de services financiers, d’instruments d’épargne, de services de transfert de fonds ainsi que des assurances, etc., afin de doter d’actifs, de se protéger contre de la certitude et les chocs extérieur et d’accroitre leurs revenus.

Les institutions de microfinance couvrent plusieurs formes. Les modèles les plus connus sont les connus sont la tontine, la coopérative ou les mutuelle d’épargne et de crédit et le modèle dit du crédit solidaire. Les modèles les plus courants répertoriés en Afrique de l’Ouest francophone sont notamment : les coopératives et les mutuelles d’épargne et de crédit, mes crédits solidaires, les projets des Organisations Non Gouvernementales, des associations de développement et associations villageoises qui ont une activité de crédit, les tontines.

Selon la législation des pays, il existe différents types d’institution de microfinance (IMF) qui est une organisation des services de microfinance, qu’elle soit ou non une entité légalement reconnue. On peut néanmoins les regrouper en quatre catégories :

Les banques :

  • elles sont autorisées à effectuer toutes les opérations bancaires (transactions à l’international, émission de chèques, carte de crédit…) ;
  • On exige qu’elles aient un capital minimum ;
  • Elles sont soumises à des normes sur la qualité de leur portefeuille, ainsi que sur la réglementation du travail ;
  • Elles bénéficient de règles financières plus souples que les autres IMF (risques assurés à hauteur de 8% des fonds propres).

Les instituts financiers non bancaires (IFNB) :

  • ils ont des compétences restreintes en terme de produits financiers (pas de transfert de fonds internationaux, pas d’émission de moyens de paiements) ;
  • Le capital minimum exigé est inférieur à celui des banques ;
  • Leurs obligations déclaratives, les contraintes organisationnelles et les normes sur les taux d’usure sont assouplies.

Les coopératives d’épargne et de crédit (COOPEC) :

  • Les membres d’une COOPEC en sont les actionnaires. La COOPEC est gérée par des salariés ;
  • L’épargne y est privilégiée avant le crédit ;
  • Il n’y a pas de capital minimum exigé ;
  • Le nombre de membres nécessaires à la création d’une COOPEC est très faible.

Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) :

  • Elles suivent une politique de développement plutôt que de rentabilité financière ;
  • Elles sont subventionnées par les bailleurs de fonds internationaux ;
  • Elles sont très présentes en milieu rural, auprès des populations les plus défavorisées ;
  • Elles sont soumises à des contraintes règlementaires très légères.

3.     Le secteur de la microfinance au Maroc

Jusqu’à les dernières années du précédent siècle, le contexte général de la microfinance était presque inconnu pour la plupart de la population. Aujourd’hui, de nombreuses questions se posent sur le rôle qui a pu jouer la microfinance dans développement de l’initiative, le renforcement de l’investissement privé ainsi que les partenariats faites pour la contribution des objectifs des millénaires dans le but développement durable et lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales.

Le contexte de la microfinance a commencé  au début des années 1990, durant laquelle le Maroc supportait les conséquences du programme d’ajustement structurel (PAS) des années 1980.

D’après une étude faite par le Haut Commissariat au Plan (HCP)[1], le taux de la pauvreté, relative à la période 2001-2007, a diminué de 15,3% à 8,9% au niveau national, de 25,1% à 14,4% en milieu rural et de 7,6% à 4,8% au milieu urbain. Parallèlement le taux de vulnérabilité a également été réduit, pendant la même période, de 22,8% à 17,5% au niveau national, de 30,5%à 23,6% en milieu rural et de 16,6%à 12,7% en milieu urbain.

l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), a permis de réduire la pauvreté de 41% dans les communes rurales 28% dans le reste des communes rurales.

Selon les résultats de l’enquête nationale sur le secteur informel en 2007, le nombre d’unités de production informelles s’est élevé à 1 550 274 unités, soit une création nette de 320 000 unités en l’espace de 8 ans ou l’équivalent de 40 000 unités par an.

Par milieu de résidence et comme cela a été relevé par l’enquête précédente de 1999, la majorité des unités de production informelles sont localisées en milieu urbain avec une proportion de 69,8%. La part des unités informelles exerçant en milieu rural a légèrement augmenté depuis 1999 passant de 28,4% à 30,2%.

Le secteur informel est caractérisé par la prédominance de l’auto emploi : presque les trois quarts (74,9%) des unités de production informelles sont réduites à une seule personne, celles employant deux personnes constituent 17,7% et celles employant trois personnes ne représentent que 4,5%. Quant à celles qui emploient quatre personnes et plus, leur part reste faible (2,8%). Ainsi, La taille moyenne des unités informelles est de 1,4 personne, en légère baisse depuis 1999 (1,5 personne).

Actuellement le secteur de microfinance compte onze associations sur l’ensemble du Royaume, regroupées autour de la fédération nationale des associations de microcrédit.

Dans cette partie, nous allons procéder à analyser trois cas d’étude afin de soulever l’impact des facteurs contextuels sur ces trois institutions à savoir : la fondation Zakoura pour le microcrédit, l’association Al Amana pour la promotion des micros entreprises et la fondation pour le développement local et le partenariat (FONDEP).

3.1.           Le contexte institutionnel des IMF :

  1. Le cadre réglementaire
  • La loi relative au microcrédit:

Le secteur de la microfinance est régi par le droit des associations (15 novembre 1958) tel que modifié et compléter en 2002, et par la loi 18-97 relative au microcrédit promulguée par le dahir du 15 février 1999. Au terme du premier article de cette dernière : « est considéré comme association de microcrédit toute association constituée conformément aux dispositions du dahir n° 1-58-376 du 3 Joumada I 1378 (15 novembre 1958) réglementant le droit d’association et dont l’objet est de distribuer des microcrédits dans les conditions prévues par la présente loi et les textes pris pour son application ». Des modifications ont été apportées à la loi 18-97 afin d’autoriser les AMC à étendre leur champ d’action aux prêts liés à la rénovation et l’amélioration de logements sociaux, l’accès à l’eau potable et l’électricité. Au terme de l’article unique de la loi 58-03 du 6 mai 2004 modifiant et complétant la loi 18-97 relative au microcrédit : « est considéré comme microcrédit tout crédit dont l’objet est de permettre à des personnes « économiquement faibles » :

  • De créer ou de développer leur propre activité de production ou de service en vue d’assurer leur insertion économique ;
  • D’acquérir, de construire ou d’améliorer leur logement ;
  • De se doter d’installations électriques ou d’assurer l’alimentation de leur foyer en eau potable, etc.

La loi a également fixé le seuil des prêts à 50000 dh, mais son décret d’application s’est contenté d’un plafond de 30000 dh. Cette restriction a permis de segmenter le marché du crédit : les AMC servent donc essentiellement les petites activités génératrices de revenu et les micro-entrepreneurs.

Le texte de la loi a doté le secteur de deux structures d’encadrement :

  • Un Conseil Consultatif pour le Microcrédit (CCM) qui est consulté sur toutes les questions liées au développement du secteur ;
  • et un organe de concertation, de coordination interne et de représentation externe. C’est la Fédération Nationale des Associations de Microcrédit (FNAM).

Dans ce cadre, toute AMC est tenue d’adhérer à la FNAM. Les statuts de cette dernière doivent être approuvés par le ministre chargé des finances après avis consultatif du microcrédit.

  • Le contrôle des associations du microcrédit:

Toute association de microcrédit doit en principe tenir d’une comptabilité régulière faisant apparaître toutes ses ressources, ses emplois, ses produits et ses charges selon les modalités fixées par voie réglementaire.

Les pièces et documents ayant servi de base aux écritures comptables doivent être conservés par l’association pendant au moins dix ans.

Les AMC doivent procéder à l’audit externe de leur gestion. Les rapports d’audit sont communiqués au ministre chargé des finances.

Un comité de suivi des AMC est institué pour effectuer un contrôle sur place et sur pièces sur les activités des associations. Ce contrôle porte également sur le caractère licite de l’origine des fonds dont disposent ces associations.

Les documents et touts les renseignements, qu’une AMC juge nécessaire, doivent être communiqués au comité de suivi.

Il est utile de rappeler que le comité de suivi est composé de représentants de l’administration et il veille au respect, par les associations, des dispositions de la loi sur le microcrédit.

  • Le régime fiscal de l’activité du microcrédit:

Dans ce cadre, les opérations de crédit effectuées par les AMC au profit de leur clientèle sont exonérées de la TVA. Cependant, les dons en argent ou en nature octroyés par personnes physiques ou morales aux AMC constituent des charges déductibles et instituant un impôt sur les sociétés.

Les équipements et les matériels destinés exclusivement au fonctionnement de microcrédit bénéficient de l’importation en franchise des droits de douanes et autres droits et taxes.

Ces exonérations, déductions et franchises sont accordées à chaque AMC pour une durée de 5 ans à compter de la date de publication au bulletin officiel.

  • Autres dispositions :

Selon l’article 24 de la présente loi, le ministre chargé de la finance peut adresser une mise en garde aux dirigeants d’une AMC qui ne respecte pas les dispositions de l’article 8, 9, 11, 12, 13, 15 et 16 de la loi encadrante. Si cette mise en garde demeure sans effet, un avertissement sera dressé à l’association concernée et suspendre un ou plusieurs de ses dirigeants.

  1. Atouts et limites du cadre réglementaire
  • Les atouts:

La loi régissant les activités de microcrédit a plusieurs atouts, on peut citer :

La loi restreint le champ d’action des AMC à des activités de microcrédit[2]. Cela a permis aux AMC de se concentrer davantage sur le microcrédit et de développer un savoir-faire non négligeable en la matière. Cette spécialisation a donné ses fruits avec l’existence actuelle d’AMC performantes techniquement et financièrement, et dont la reconnaissance est mondiale. Leur spécialisation et leur savoir-faire en la matière les a aidées à accéder à certaines ressources (surtout aux lignes de crédit bancaire à court terme), à recevoir de l’argent des bailleurs de fonds, et à bénéficier des dons publics.

La loi oblige les AMC à présenter des projections financières garantissant leur viabilité (la réalisation d’un bénéfice) au terme d’une période n’excédant pas cinq ans, à compter de la date de leur autorisation. Cette obligation a été propice à l’émergence d’institutions pérennes plus attractives à l’égard des différentes sources de financement. Il importe cependant de signaler que la loi ne prévoit aucune sanction en cas de non respect de cette contrainte. Par conséquent, cette dernière pourrait, à l’évidence, inciter les AMC à s’éloigner de l’objectif d’éradiquer la pauvreté, pour cibler essentiellement les activités solvables. Il nous semble qu’un principe directeur fondamental doive guider le fonctionnement du secteur du microcrédit : si la recherche de la rentabilité par les AMC est légitime et nécessaire à leur existence et développement, elle doit néanmoins tenir compte de la fonction sociale du secteur. Pour cela, les AMC offrant des produits et services coûteux et qui ne sont rentables qu’à long terme (l’octroi de crédit à une population rurale dispersée, par exemple) devraient bénéficier d’un soutien considérable des pouvoirs publics et des bailleurs de fonds.

La loi prévoit une exonération de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour les opérations de microcrédit, pour une durée de cinq ans, à compter de la date de publication de l’arrêté d’agrément du Ministre des Finances. Cette exonération a bien permis aux AMC de consolider davantage leur assise financière sans renchérir leurs prestations. Le nouveau projet de la loi de Finances[3] 2006 prévoit la prorogation de l’exonération de la TVA pour cinq autres années. Cela s’inscrit dans le cadre d’une stratégie du gouvernement à renforcer davantage le développement du secteur.

Conformément aux dispositions de la loi, le plan comptable qui a été approuvé lors de la neuvième assemblée plénière du Conseil National de la Comptabilité (CNC). Ce projet permettra aux AMC de disposer d’un tableau de bord composé de ratios prudentiels[4].

 

  • Principales entraves auxquelles se heurtent les AMC:

La loi relative au microcrédit souffre de certains écueils qui peuvent sérieusement entraver le développement des AMC :

Le statut d’association sans but lucratif des AMC entrave l’accès de celles-ci à certaines sources de financement ;

La loi ne permet pas aux AMC de mobiliser l’épargne des ménages pauvres et celle des micro-entrepreneurs ou de mener toute autre activité financière en dehors de la distribution de microcrédits, cela prive, encor une fois, les AMC de la possibilité de diversifier leurs produits et d’accéder à des ressources financières importantes pour financer leur croissance.

Il ressort donc, au terme de cette partie sur le contexte institutionnel, que le cadre réglementaire actuel contient des vertus et des entraves aux innovations des produits financiers ainsi au  développement des AMC. Les atouts doivent être renforcés et les entraves endiguées.

3.2.           Les institutions de la microfinance au Maroc

Il existe plusieurs institutions de microfinance au Maroc. Mais, il y a trois institutions qui jouent un grand rôle dans le financement de la microfinance :

  • La fondation ZAKOURA pour le microcrédit

Fondé en 1995 par Noureddine Ayouch, actuellement a comme nouveau président Ali Ababou ; c’est une institution reconnue au niveau national et international, son idée de départ était de rapprocher l’école des populations exclues. Zakoura est gérée actuellement par la Banque Populaire pour le microcrédit.

  • Association AL AMANA

Crée en 1997, elle gère un programme microcrédit dans dix-huit villes. La mission de cette association est d’aider les opérateurs de micro entreprises commerciales, artisanales et de petits métiers par l’octroi de crédits.

Aujourd’hui elle couvre l’ensemble du Maroc et compte plus de 160.000 emprunteurs, souvent organisés en groupe, à noter que Al Amana a permis l’ouverture de 134 nouvelles agences en 2004.

  • La fondation pour le développement local et le partenariat (FONDEP)

Vise les clients à faibles revenus dans les zones rurales en proposant des prêts solidaires, possède un dixième du nombre de clients de Zakoura et Al Amana.

Le tableau suivant procédé à explique les raisons du choix de ces trois institutions :

Fondation ZAKOURA Association AL Amana FONDEP
Ø  Une croissance rapide ;

Ø  Conserver son objectif initial ;

Ø  Soutenir les personnes défavorisées au :

ü  Rural ;

ü  Semi urbain ;

ü  Zones rurales.

Ø  Contribution financière et aide de l’USAID ;

Ø  Bonne gestion ;

Ø  Croissance rapide ;

Ø  Assistance technique ;

Ø  Situation politique favorable.

Ø  Cible les zones rurales ;

Ø  Personnes à faible revenu

En comparant ces trois institutions à d’autres similaires dans des pays étrangers, il paraît que Zakoura et Al Amana ont un niveau d’autonomie financière supérieure de celui des autres étrangères et donc un compromis à éviter. Ces trois instituions réussissent à la fois dans le domaine financier et social.

Ce secteur microcrédit a comme perspective et possibilités futures pour une évolution positive, d’abord un perfectionnement des organes de supervision du secteur, et la création de d’une dynamique de recherche-action au niveau local qui amènera des possibilités d’innovation et d’amélioration du rendement. Ensuite, l’innovation sur le terrain peut primer si on se dote des moyens nécessaires pour répondre à la demande locale tout en observant les conditions de la bonne gouvernance dans tous les maillons de la chaîne.

Cependant, les concepteurs du secteur doivent bien déterminer leur cible et ne pas verser dans la confusion : l’inclusion financière de la population est une chose, la lutte contre la corruption en est une autre.

Le cas marocain est un bon exemple du lien étroit qui doit exister entre les politiques publiques et le microcrédit, un compartiment de la microfinance. La diversification des produits sollicitera des politiques publiques un ciblage plus étudié des aboutissements de la microfinance, ainsi qu’un accompagnement considérable : formation, supervision, communication et autres.

Seules les grandes IMF en bénéficient de leur structure financière solide et de leurs résultats. Le soutien s’effectue au sein du même groupe : le groupe Banque Populaire offre un soutien décisif à sa filiale – la Fondation Banque Populaire pour le microcrédit – au moyen de refinancement direct et d’une libre utilisation de son réseau de succursales, de système d’information et de formation du personnel. La même banque a également soutenu financièrement la fondation Zakoura et Al Amana, qui ne font pas partie du groupe. La société générale a ouvert des lignes de crédit à 4% et 4,5%, avec le support d’une garantie de l’USAID à hauteur de 42% maximum de ses décaissements. La Banque Commerciale du Maroc[5] a mis en place une ligne de crédit de 4 millions de dollars sans garantie au service du microcrédit. La fondation Zakoura Microcrédit reste le principale  bénéficiaire du financement des banques nationales.

Les subventions représentent plus de 61% des ressources de financement d’Alamana principalement en provenance de L’USAID, du Fond Hassan II pour le Développement Economique et Social du Fonds Arabe pour le Développement Economique et Social (FADES), de la Fondation Mohamed V et du CAF America.

De ce qui concerne l’IMF Zakoura n’a bénéficié des subventions que durant les phases de lancement et de croissance et n’a pas été subventionné à son démarrage. Elle a développé des partenariats techniques avec :

  • des organisations internationales (PNUD)
  • des organismes nationaux (ONEP).
  • Une analyse de la répartition des fonds propres de la FONDEP montre que les subventions constituaient 90% du total de ses fonds propres en Décembre 2004.

3.3.           Les visions de développement du Secteur de la microfinance

La Maroc a élaboré une stratégie pour développer et faire du secteur de microfinance un secteur performant qui peut répondre aux exigences de la population ciblé, afin de lutter contre la pauvreté par l’encouragement de la création des projets génératrices de revenus et par la suite réduction de taux de chômage de cette population par création d’emplois.

Les principales projections stratégiques assigné au secteur de la microfinance est complété par des impératifs d’efficacité et de pérennité pour les AMC qui sont de :

  • Servir, à horizon 2020, 3,2 millions de bénéficiaires actifs, objectif ambitieux nécessitant une couverture géographique étendue et des besoins mieux servis.
  • Atteindre 2 millions d’ETP additionnels, poussant à améliorer la pérennité des projets financés au travers d’un meilleur accompagnement et d’une offre plus adaptée. Ceci signifie que l’encours passera de 5 milliards de Dhs actuellement à 25 milliards de Dhs en 2020, soit 1,8% du PIB ;
  • Maintenir le coefficient d’exploitation au niveau des Best Practices, soit 65% ;
  • Ramener le PAR 30 en dessous de la moyenne mondiale (3,1%) ;
  • Assurer la viabilité financière des AMC en assurant une rentabilité au niveau de la moyenne mondiale qui est de 17%.

4.     Conclusion :

Généralement les gouvernements et les agences de coopération souhaitent utiliser la microfinance qui se présent comme une des stratégies de la politique du Royaume pour résoudre divers problèmes sociaux.

L’expérience montre que la microfinance peut aider les pauvres à augmenter leur revenu, créer des petits projets viables et sortir ainsi de la pauvreté. Mais, les programmes de microfinance conçus pour ce type de situation fonctionnent cependant rarement. Ils enregistrent le plus souvent des taux d’impayés ou de non remboursement très élevés.

A travers ce qu’on a évoqué on peut dire que la microfinance s’illustre comme étant l’outil le plus promoteur et le moins coûteux de la lutte contre la pauvreté et la promotion du développement économique et social ce qui explique bien les retombées positives de cette branche de l’économie sont actuellement identifiées et confirmées et présentent des progrès réels en terme d’augmentation de revenus, de réduction de vulnérabilité, d’accès aux soins, à l’éducation, etc., nonobstant tout ça, la microfinance reste juste un outil financier incapable de résoudre le problème complexe et multidimensionnel de la pauvreté, or ça reste un outil qui exige d’autres outils complémentaires afin de promouvoir le développement.

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  • Souleymane Soulama, « Microfinance, pauvreté et développement », éditions des archives contemporaines, 2005
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[1] Haut Commissariat au Plan, « Evolution des niveaux de vie, des inégalités et de la pauvreté au Maroc », Haut Commissariat au Plan, décembre 2009

[2] – Au sens de l’article 3 de la loi 18-97, l’octroi du microcrédit peut assorti de formation, de conseil et d’assistance. Il revêt donc un caractère fondamentalement social

[3]http://www.finances.gov.ma

[4] – l’Economiste, 20 février 2005

[5] . Actuellement Attijari Wafa après sa fusion avec Wafabank

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